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POUR LA PATRIE

Pendant ce colloque entre le journaliste et le baron, sir Henry Marwood avait conduit Lamirande un peu à l’écart. Il le tenait toujours affectueusement par le bras.

— Mon cher monsieur Lamirande, dit le vieux diplomate de sa voix la plus câline, il y a longtemps que je désire m’entretenir familièrement, à cœur ouvert, avec vous. Vous m’avez souvent combattu, mais je me suis toujours vivement intéressé à vous. Vous êtes un jeune homme de talent et d’avenir. Je vous considère comme le véritable représentant de votre race. Votre race, quoi que vous en pensiez, je ne lui veux que du bien. Je désire l’honorer en votre personne.

— Vous êtes bien trop flatteur, répondit froidement Lamirande qui entrevoyait déjà où son interlocuteur voulait en venir.

Il me croit capable de me vendre, pensa le député. Helas ! il a vu tant des nôtres se livrer à lui pour un peu d’or ou quelques misérables honneurs.

Son premier mouvement fut de repousser avec indignation l’offre que sir Henry n’avait pas encore clairement formulée. Mais il se ravisa. Ne brusquons rien, se dit-il ; par les