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Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/61

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Mgr de Mérode et du général Kanzler, devenu à son tour ministre des armes, furent couronnés de succès. La fleur de la jeunesse accourut de nouveau se ranger sous le glorieux drapeau du Saint-Père. Lamoricière, mort en 1865, trouva un digne remplaçant en de Charette. Il se forma aussi une légion de volontaires français connue sous le nom de légion d’Antibes.

De son côté, Garibaldi, l’infatigable bandit, organisait ouvertement des bandes de brigands. Le gouvernement piémontais encourageait et aidait ce mouvement en secret, mais pour ménager la susceptibilité de la France, il fit arrêter Garibaldi et l’envoya dans l’île de Caprera, d’où le forban s’échappa à travers sept vaisseaux qui étaient censés le garder. Un mandat d’arrestation fut lancé contre lui, mais pendant que l’on faisait semblant de le chercher à Gênes, à Livourne et à Turin, Garibaldi haranguait les masses à Florence sous les fenêtres du palais royal. Lorsqu’on voulut l’arrêter à Florence, il avait eu le temps de partir pour la frontière romaine avec un état-major, et le télégraphe ne fut pas assez prompt pour ordonner son arrestation. Cette misérable comédie ne trompait personne, pas même Napoléon III.

Garibaldi, à la tête de plusieurs milliers de brigands, envahit le territoire romain de tous côtés. Aquapendente, Ischia, Bagnorea, Valentano, Canino et Soubiaco furent saccagées par les garibaldiens, qui pillaient les églises et les couvents, et commettaient des outrages sans nom.

Le gouvernement français se décida enfin à sommer le cabinet de Florence de respecter les conditions du traité du 15 septembre. Sous prétexte d’arrêter l’invasion, le trop fameux Cialdini fut envoyé à la tête de 45000 hommes « pour garder la frontière pontificale. » C’était en réalité pour soutenir les brigands qui passaient à leur aise entre les différents postes ; quand ils étaient battus et repoussés par les zouaves pontificaux, ils venaient se reformer derrière les rangs piémontais[1].

Les troupes pontificales luttaient héroïquement contre des brigands supérieurs par le nombre et soutenus par une puissante armée régulière. Mais quoique repoussés souvent, les garibaldiens s’avançaient toujours vers Rome, où l’approche de ces libérateurs causait la plus grande frayeur. Et on ne s’alar-

  1. Villefranche, Pie IX, sa vie, son histoire et son siècle. Un journal prétendu catholique, le National, de Montréal, a osé affirmer qu’en cette circonstance, Victor-Emmanuel avait empêché les garibaldiens d’envahir le territoire romain. Est-ce ignorance, est-ce mauvaise foi ?