Aller au contenu

Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mait pas sans raison. Les révolutionnaires avaient introduit dans la ville des bombes, et l’on parlait ouvertement de faire sauter les édifices publics. On commença, en effet, par la caserne Serristori. On ne réussit qu’à ensevelir les musiciens du corps des zouaves ; les autres soldats du Pape étaient heureusement absents de la caserne au moment de l’explosion. Profitant de la confusion, les garibaldiens tentèrent de s’emparer de la ville, mais ils échouèrent misérablement. Et l’armée de Cialdini, qui devait arrêter l’invasion, laissait faire.

Contraint par l’indignation trop juste de la France catholique, Napoléon envoya une armée française au secours du Saint-Père. Cette armée débarqua à Civita-Vecchia, le 29 octobre 1867. La veille, la petite ville de Monte-Rontondo, après une résistance héroïque, avait été emportée d’assaut et livrée au pillage.

Garibaldi se porta sur Rome. Le général Kanzler, à la tête de 3,000 zouaves pontificaux, alla à sa rencontre, suivi de 2,000 Français. « Venez, avait-il dit à quelques étrangers présents à Rome, venez : vous verrez une belle bataille. »

La petite armée pontificale rencontra les garibaldiens au nombre de dix mille, le 3 novembre, près de Mentana, sur la voie Nomentane. Les zouaves engagèrent le feu, les Français restant simples spectateurs pour le moment. « En avant ! zouaves, s’écrie Charette, ou je me fais tuer sans vous. » Les soldats s’élançant à la suite de leur brave officier, emportent les premières positions de l’ennemi à la baïonnette, enfoncent les lignes garibaldiennes et repoussent Garibaldi jusque dans le château de Mentana. Puis les troupes françaises viennent à la rescousse et complètent la victoire. La nuit met fin au combat. Profitant des ténèbres, Garibaldi et ses deux fils, abandonnent leurs compagnons d’armes et regagnent la frontière. Le lendemain matin, se voyant trahis par leur chef, les brigands se rendent sans conditions.

Le Saint-Père accorda une amnistie complète à ces forbans, pris les armes à la main. Contraste frappant avec la conduite de Victor-Emmanuel, qui, quelque temps auparavant, avait fait mettre à mort le général espagnol Borgès et ses frères d’armes pour avoir tenté de rétablir sur son trône le roi légitime de Naples.

De tous les garibaldiens, seuls Monti et Tognetti furent châtiés. Ces deux misérables, auteurs de l’explosion de la caserne Serristori, furent suppliciés après un procès impartial. Du reste, avant de mourir, ils s’étaient avoués coupables et avaient demandé pardon à Dieu et aux hommes. Le parlement