Page:Tardivel et Magnan - Polémique à propos d’enseignement entre M. J.-P. Tardivel et M. C.-J. Magnan, 1894.djvu/30

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Les évêques de notre province n’ont, en aucun temps, manifesté le désir que chaque curé fût de droit membre du bureau d’éducation de sa paroisse. Ils ont bien, de temps en temps, conseillé aux curés d’accepter volontiers la charge de commissaire, « à la condition qu’elle leur fût offerte par leurs paroissiens[1] », mais jamais ils n’ont protesté contre l’article de la loi se rapportant à la composition des commissions scolaires. Est-ce à dire que les évêques, qui ont guidé les destinées de notre peuple depuis cinquante ans, ont manqué à leur devoir en acceptant, sans murmurer, un état de choses que M. Tardivel trouve si abominable ? Non, certainement non. Voici comment. Sous la loi des écoles de fabrique, qui fut établie en 1824, loi à peu près semblable à celle que demande notre confrère, les habitants se montrèrent si peu disposés à seconder le curé en matière scolaire, que l’on comprit bien vite que, sans l’intervention de l’État, jamais le Bas-Canada n’arriverait à posséder un nombre suffisant d’écoles. En 1830, six ans après l’établissement de cette loi, il n’y avait que 68 écoles de fabrique en opération, quand la population du Bas-Canada était à cette époque d’au moins 500,000 âmes. Cette loi donnait de si maigres résultats, qu’en 1829, la législature passa « l’Acte pour l’encouragement de l’Education ».

Cette dernière loi n’étant plus en force le 1er  mai 1836, Mgr  Signay déplora cet événement dans les termes qui suivent, dans une circulaire en date du 2 mai de la même année, bien que l’Acte de la 4e George IV, « autorisant les fabriques, avec le concours de l’autorité

  1. Voir la circulaire de S. G. Mgr  Signay, 30 décembre 1841