Page:Tarride - De la médication arsenicale.djvu/26

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l’organisme n’échappe à l’action des arsenicaux ; leurs molécules sont tellement ténues qu’elles s’insinuent dans tous les organes, traversent tous les tissus et vont partout exercer leur influence ; la membrane cutanée ne peut donc s’y soustraire et doit en ressentir les effets. Cependant, les opinions ont varié à ce sujet ; ainsi, les dermatologistes ont mis à profit l’activité de la circulation capillaire par l’arsenic pour combattre les éruptions chroniques du tégument externe. D’après MM. Trousseau et Pidoux, celui-ci resterait ordinairement sec quand l’arsenic agit comme diurétique ; M. Millet prétend, de son côté, que ce médicament peut agir à la manière des diaphorétiques.

En médecine humaine, on a constaté parfois, sur le visage principalement, une certaine coloration du derme rappelant assez celle produite par le nitrate d’argent ; la couleur brune que l’on remarque souvent à la place des éruptions squameuses traitées par l’arsenic, et que M. Devergie considère comme une garantie de guérison, doit être attribuée sans doute aux mêmes causes. — De telles modifications pigmentaires n’ont pas été observées, que je sache, en médecine vétérinaire. — Mais si l’arsenic est donné à des doses trop élevées ou trop longtemps soutenues, l’excitation devient une véritable irritation, et il n’est pas rare de voir apparaître des éruptions, de forme, de nature et d’aspect très variables, sur lesquelles M. Imbert-Gourbeyre a particulièrement attiré l’attention (Hist. des éruptions arsenicales ; Mon. des Hôp., 1857).