Page:Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/17

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sculptée où flambaient des troncs de chêne entiers. Châtelains, pages, gens d’armes écoutaient les récits que leur faisaient les fins conteurs de l’assemblée, et parfois, chance inespérée, un jongleur de passage que l’on hébergeait au château pour quelques jours et qui payait son écot en histoires de haut goût et de beau langage…

S’il fallait, mes enfants, faire le recueil de ces histoires que l’on a répétées tant de fois de l’Océan jusqu’au Jura et des Flandres jusqu’au pays basque, s’il fallait simplement en faire l’inventaire, la patience d’un bénédictin ne suffirait pas à cette tâche. Et puis ce recueil ne serait pas pour vous. Nos bons aïeux étaient gens sans malice ; un mot gras, un récit un peu leste n’étaient pas pour les effrayer. Ils en riaient ingénument et sans arrière-pensée. La civilisation nous a rendus plus scrupuleux. Aussi de tant de bons contes que nous a légués le passé, un petit nombre seulement est resté dans le répertoire courant. Et par exemple ceux qu’ont recueillis Perrault, Mme d’Aulnoy, Mme de Beaumont, quelques fragments aussi du Roman de Renart. D’autres auraient mérité de rester populaires qui ne sont plus connus que des érudits ou des liseurs de profession. Tels l’histoire de Griselidis et celle d’Aucassin et Nicolette que vous trouverez tout à l’heure. C’est parmi ces récits injustement oubliés que je me suis efforcé de faire un choix. Vous y trouverez des légendes, des fabliaux, des aventures de chevalerie qui sont de vrais contes de fée. Quelques-uns vous rappelleront — de loin — ce merveilleux Huon de Bordeaux qu’un grand érudit, Gaston Paris, a fait revivre avec un art si exquis.