dessein de son mari, lui fit la question qu’il exigeait. Il répondit avec un ton de mystère que c’était là son secret ; qu’au reste il importait très peu à sa moitié de le savoir, et qu’elle ne devait songer qu’à jouir de l’aisance que lui avait procurée son industrie. Elle revint à la charge, selon ce qui lui était recommandé. Lui, de son côté, joua toujours la réserve. Enfin elle le pressa tant que, cédant en apparence à ses importunités, il avoua qu’il avait été voleur et que c’était ainsi qu’il s’était fait une fortune considérable. « Quoi, Sire ! s’écria la femme, vous avez été voleur, et l’on ne vous a jamais soupçonné ? — C’est que j’ai eu un maître habile, un maître tel qu’il n’en existera de longtemps. Il ne dérobait que la nuit ; mais au moyen de certaines paroles magiques dont il possédait le secret, il était sûr de voler sans risque. Voulait-il par hasard pénétrer quelque part ? il prononçait sept fois devant la lune le mot mystérieux et aussitôt un rayon de cet astre se détachant, il l’enfourchait et se trouvait porté sur le toit, car c’était toujours par le toit qu’il entrait. Voulait-il redescendre ? il répétait le mot magique, et s’élançait sur son rayon qui le reportait doucement à terre. J’ai hérité de son secret, puisqu’il faut vous l’avouer ; et, entre nous, je n’ai pas eu besoin de l’employer longtemps. — Je le crois sans peine, reprit la femme. Vous possédez là un trésor ; et si jamais j’ai quelque ami ou parent embarrassé pour vivre je veux lui en faire part. »
Elle supplia donc son mari de le lui apprendre. Il s’en défendit longtemps, se fit beaucoup prier, déclara qu’il voulait dormir, et convint enfin que le secret consistait à prononcer sept fois le mot seïl. Après