Page:Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/96

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première demi-lieue on causa, on s’égaya un peu ; mais nos barbons qui n’avaient pas dormi suffisamment succombèrent bientôt au sommeil. Vous eussiez ri de voir leurs têtes chenues vaciller à droite et à gauche ou tomber penchées sur les cous des chevaux.

La demoiselle suivait, trop occupée de sa douleur pour songer à eux. Pareille à ces condamnés qu’on mène au supplice, et qui, pour vivre quelques instants de plus, retardent la marche autant qu’ils peuvent, elle ralentissait le pas de son cheval. Mais on n’eut pas fait une lieue que, sans le vouloir, elle se trouva ainsi séparée de la troupe Son vieux conducteur ne s’en aperçut pas davantage, parce qu’il sommeillait comme les autres. Cependant ses yeux s’entr’ouvraient de temps en temps ; mais comme il voyait toujours devant lui le palefroi gris, ils se refermaient tout aussitôt : les chevaux, au reste, n’avaient pas besoin de guides ; dans un chemin pareil ils ne pouvaient s’égarer.

Il y avait un endroit pourtant où la route se partageait en deux ; l’une était la continuation de celle de Médot,