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Page:Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/97

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et l’autre un petit sentier qui conduisait chez Guillaume. Tous les cavaliers de la troupe avaient suivi la première comme de raison ; et le cheval du vieux parrain ne manqua pas de suivre la trace des autres. Pour le palefroi gris, depuis le temps qu’il conduisait son maître au rendez-vous de la poterne, il était si fort accoutumé au sentier, qu’il le prit à son ordinaire.

Il fallait, pour arriver chez Guillaume, passer à gué une petite rivière. Au bruit que fait le cheval en mettant le pied dans l’eau, Nina sort de sa triste rêverie ; elle se retourne pour appeler le parrain à son secours, et ne voit personne ; seule et abandonnée dans une forêt à pareille heure, un premier mouvement d’effroi la fait tressaillir ; mais l’idée de pouvoir échapper au malheur qui la menace étouffe sa frayeur ; et elle pousse hardiment son cheval dans la rivière, prête à périr, s’il le faut, plutôt que de consommer cet hymen abhorré. Il n’y avait rien à craindre ; le cheval, selon sa coutume, traverse de lui-même le gué ; et bientôt il arrive chez son maître.

Le guetteur apercevant la demoiselle corna aussitôt pour avertir, et vint lui demander ensuite à elle-même, à travers la petite porte du pont-levis, ce qu’elle voulait. « Ouvrez vite, cria la jeune fille, c’est une femme poursuivie par des voleurs qui vous demande secours. » L’autre regarde par le guichet : il voit une jeune personne parfaitement belle et couverte d’un riche manteau d’écarlate. La parure, la beauté de la demoiselle, ce cheval gris qu’elle monte et qui lui semble être le palefroi de Guillaume, l’étonnent au point qu’il croit que c’est quelque fée favorable que la compassion amène auprès de son bon maître pour le consoler. Il court aussitôt