Page:Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/99

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il fut fort étonné, quand on le réveilla, de ne plus voir la mariée devant lui.

Comme on soupçonna qu’elle avait pu s’égarer dans la forêt, plusieurs domestiques furent détachés pour aller la chercher. Mais on sut bientôt à quoi s’en tenir par l’arrivée d’un écuyer qu’envoyait Guillaume, et qui vint annoncer que la demoiselle était chez son maître et de la part du chevalier invita le père et tous les gentilshommes de la noce à se rendre chez lui. On y courut ; Guillaume alla au-devant d’eux, tenant par la main sa nouvelle épouse qu’il leur présenta sous cette qualité.

À ce mot d’abord s’éleva dans la troupe un grand murmure. Mais quand Guillaume eut prié qu’on l’écoutât, quand il eut conté toute l’histoire de ses amours jusqu’à l’aventure du palefroi, tout changea. Ces vieillards, blanchis dans des principes d’honneur et de loyauté, témoignèrent même leur indignation de ce qu’on les avait rendus complices d’une perfidie ; et ils se réunirent tous pour presser le père de ratifier l’union des deux jeunes gens.

Celui-ci ne put s’y refuser, et la noce se fit chez Guillaume. L’oncle mourut dans l’année ; le chevalier par cet événement hérita de Médot. Peu de temps après, son beau-père étant mort aussi, il se vit un des plus riches seigneurs de Champagne, et il vécut aussi heureux qu’il méritait de l’être.