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« La grande région intérieure du continent contribuera-t-elle à nos exportations de blé et de farine ? Je veux parler des territoires du Montana, Idaho, Wyoming, Colorado, Utah et Nevada. Prenons le territoire le plus favorisé, celui de Montana. Si grandes que soient ses ressources, je suis forcé de croire qu’un tiers seulement de sa superficie peut être atteint par l’irrigation qui est indispensable, et que ses ressources minières et ses vastes pâturages, pour l’élève du bétail et des moutons, deviendront le théâtre de son activité industrielle. En 1868, après avoir fait des études minutieuses, en qualité de commissaire chargé de recueillir des statistiques sur les mines, j’écrivais ce qui suit :

« La superficie du territoire de Montana est de 146,689 milles carrés, soit 93,881,181 acres — à peu près la même que celle de la Californie, trois fois celle de l’État de New-York, deux fois et demie celle de la Nouvelle-Angleterre, et cependant, des autorités locales déclarent que l’étendue propre à la culture n’est représentée que par un acre sur trente, soit un total de 3,346,000 acres. Naturellement, les animaux domestiques peuvent vivre sur une beaucoup plus grande étendue. La condition nécessaire à la culture est, comme au Colorado et au Nouveau-Mexique, la possibilité de l’irrigation. »

« Dans un récent rapport de la Commission nationale de géologie, j’observe que le major J. W. Powell évalue que dans l’Utah, dont la superficie est de 84,476 milles, on peut, en utilisant les cours d’eau, sans construire de réservoirs, obtenir 1,250,000 acres environ propres à la culture du blé. Jusqu’à quelle distance, à l’est, l’irrigation est elle nécessaire ? C’est ce que je ne saurais dire. Le professeur Henry, du « Smithsonian Institute, » fixait la limite à 98 degrés de longitude ; mais 101 degrés, ou trois degrés de plus à l’ouest, surtout à l’ouest de Manitoba, me semble un chiffre plus probable. Dans les régions propres à l’agriculture, l’abondance des récoltes est remarquable ; mais elles sont achetées, aux plus haut prix, par les mineurs, les bergers et la population des villes. À ce propos, je dois rappeler que les localités du Canada central, sur la ligne qui se trouve 1,600 milles au nord-ouest de Saint Paul — je veux parler de Battleford, Prince-Albert, fort McMurray, fort Vermillon, et le fort plus connu d’Edmonton — sont tous à l’ouest du 105ème cercle de longitude, et en ligne directe de Denver City, le grand lac Salé et même Virginia City, et cependant l’irrigation n’est pas nécessaire dans aucune des régions le plus au nord. C’est le trait marquant de la « zone fertile » qui s’élargit, grâce aux altitudes moindres et aux courants d’air venant constamment de la côte du Pacifique — que l’immense trapézoïde dont le sommet aboutit à la rivière Mackenzie, jouit de pluies d’été suffisantes pour toutes les fins de l’agriculture telle qu’organisée dans les États de l’Atlantique et du Mississipi.