Page:Tassé - Le Nord-Ouest, 1880.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50

Enfin, il sera érigé, l’été prochain — en toute probabilité du moins — un et peut-être deux ponts sur la rivière Rouge, reliant Winnipeg à Saint-Boniface, et, plus tard, un autre à Emerson.

Voilà autant d’entreprises et de projets assurant ou promettant de l’ouvrage à des milliers de colons qui, tout en cultivant leurs terres, pourront gagner de l’argent. Il est facile de calculer ce que pourrait rapporter, ainsi, le travail d’une famille composée de trois ou quatre enfants capables de manier le pic ou la pelle. Et remarquez bien que rien n’empêcherait de mener de front l’exploitation de la ferme. Nous connaissons des Canadiens-français qui ont pu réaliser, par ce moyen, suffisamment d’épargnes pour acheter les animaux ou les instruments aratoires qu’exige la culture.

Nous pensons donc que l’on peut maintenant, avec des moyens beaucoup plus limités que par le passé, se créer par le travail un avenir à Manitoba, pourvu que l’énergie supplée à l’insuffisance du capital acquis.

À l’appui de ce qui précède, nous citerons la lettre suivante adressée, en 1874, à un M. Lillies, de West-Pilkington, Ontario, par ses enfants résidant à Manitoba :

« Ne craignez rien pour nous ; car nous réussissons mieux qu’à Ontario, en dépit des ravages des sauterelles[1]. Deux d’entre nous ont gagné $166 par mois à faire et à vendre de la chaux ; un troisième a réalisé $5 par jour, en moyenne, avec son attelage, ou en travaillant sur le chemin de fer ; enfin, le quatrième exerce son métier de charron à Winnipeg, où il retire $60 par mois. L’avenir nous apparaît sous les plus belles couleurs. »…

On voit ce que peuvent accomplir là-bas, à défaut de grandes ressources pécuniaires, le courage et l’activité.


feux de prairies


Au Nord-Ouest, l’on entasse généralement en meules, dans la prairie ou près des habitations, le foin et le grain. Or, à l’automne, il y a presque toujours des feux de prairies, et le colon ne saurait, en conséquence, prendre trop de précautions pour soustraire sa récolte aux atteintes de l’élément destructeur. Les lois locales sont fort sévères sur ce point ; elles punissent celui qui met le feu, de même qu’elles obligent le citoyen à prendre certaines mesures pour protéger sa propriété. Il suffira d’ouvrir le statut pour se renseigner.

les sauterelles


Elles firent leur première apparition dans le pays en 1818, et y détruisirent les moissons durant trois ans consécutifs. Environ

  1. Ce fléau est disparu depuis cinq ans.