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frères des États-Unis. Nous avons visité nous-même les établissements de Saint-Jean-Baptiste, de Saint-Joseph et de Saint-Pie, lesquels sont groupés ensemble à une légère distance de la frontière sur le côté occidental de la rivière Rouge, et nous pouvons dire que l’on n’en exagère ni la prospérité ni l’importance. Les deux townships dont il est question dans la dernière lettre sont superbes, et les récoltes abondantes. M. l’abbé Fillion, de Saint-Jean-Baptiste, a déployé une intelligence et un zèle remarquables dans la direction de ces colonies devenues très florissantes, et qui se composent d’hommes énergiques et industrieux. Comme on le voit, l’apôtre de la religion est aussi l’apôtre de la colonisation ; le prêtre suit l’émigrant ; la chapelle et l’école se dressent à côté de la demeure du hardi pionnier ; l’œuvre intellectuelle et morale marche de pair, lorsqu’elle ne la devance pas, avec l’œuvre matérielle. C’est l’harmonie, en un mot, du véritable progrès.


ceux qui doivent ou peuvent émigrer


La masse des émigrants appartient à la classe agricole. On comprend que, dans un pays neuf comme Manitoba, le travail — excepté celui de la ferme — ne saurait occuper une multitude de bras. En 1876, tout était encore à créer, pour ainsi dire, dans le domaine de l’industrie, et cette organisation du capital et du travail ne s’opère ni en un jour ni en une année. Aussi la presse n’a-t-elle jamais manqué de dire franchement la vérité sur ce point. Mais, en dépit de tout, le nombre des petits capitalistes, des commis, des artisans et des gens d’affaires de toute espèce, qui sont allés à Manitoba, est considérable, et la plupart ont prospéré, soit à Winnipeg, qui se peuple avec une rapidité merveilleuse, ou soit à Saint-Boniface, à Emerson, à Selkirk, à Sainte-Anne, à la Baie-Saint-Paul, à Saint-Jean-Baptiste, à Saint-Norbert, à Saint-François-Xavier, au Portage-la-Prairie, etc., etc.

Aujourd’hui, la situation n’est plus la même absolument. De grandes entreprises publiques se poursuivent et donnent de l’emploi à une foule de personnes. Nous voulons parler des chemins de fer. Actuellement, toute la partie du Pacifique qui s’étend du lac Supérieur à la rivière Rouge est en voie d’exécution, et le gouvernement, qui a donné, en outre, un contrat de 100 milles à l’ouest de Selkirk, se propose de continuer les opérations sur un parcours de 200 à 300 milles aussitôt que possible.

La compagnie du chemin de fer de colonisation du Sud-Ouest se prépare également à construire urne voie qui irait de Winnipeg à la montagne de Pembina, et les citoyens d’Emerson ont constitué une compagnie qui veut établir une ligne entre cette entreprenante petite ville et la montagne de la Tortue.