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CANADIEN DU PACIFIQUE.
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mince avantage pour notre route transcontinentale, qu’on trouve de vaste terrains houillers non seulement dans la vallée de la Siskatchewan, mais encore aux deux extrémités du chemin : à Halifax et Vancouver.

Nous nous flattons d’avoir prouvé d’une manière satisfaisante la praticabilité de notre chemin du Pacifique. Nous croyons avoir pleinement démontré que les difficultés considérables qu’il présente à certains endroits sont loin d’être insurmontables ; que les Américains ont eu à lutter contre des obstacles beaucoup plus sérieux et à traverser des régions bien moins accessibles pour construire leur route à travers le continent ; et que sur une grande partie de son parcours notre chemin franchira des plaines immenses et unies où l’exécution des travaux sera aussi facile qu’économique. À moins de ne vouloir se rendre à l’évidence, on ne saurait récuser l’autorité des témoignages que nous avons invoqués.

Il nous reste à répondre aux objections que l’on fait valoir contre les climats qui règnent aux degrés de latitude sous lesquels passe le chemin, et que l’on prétend extrêmement défavorables au fonctionnement de la ligne.

Comme il arrive toujours en pareil cas, les exagérations n’ont pas fait défaut à ce sujet. On a été jusqu’à affirmer que les convois du Pacifique pourraient difficilement circuler dans ces régions septentrionales et qu’ils seraient bloqués même pendant des semaines et des mois sur certaines parties de la ligne. Une fois rendus aux Montagnes Rocheuses, combien de fois ne seraient-ils pas broyés ou emportés par les avalanches de neige qui se détachent de ces pics sourcilleux ou par les impétueux torrents qui bondissent à travers les rochers, et se forment soudainement à la fonte des neiges ? Et les voyageurs, à quel terrible sort, à quelles horreurs ne seraient-ils pas exposés, loin de toute civilisation, au milieu du repaire seul des bêtes fauves ?

Vraiment, si notre chemin du Pacifique ne devait pas plus respecter la vie des voyageurs, nous ne verrions pas l’entreprise avec autant d’enthousiasme, et nous ne conseillerions à personne de courir le risque de laisser ses os au milieu des célèbres Montagnes Rocheuses. Heureusement qu’un tel danger n’est pas à craindre, et nous allons voir combien il est facile de réduire à l’état microscopique les difficultés exagérées d’une manière aussi contraire aux faits.

Les conditions climatériques de la région qui s’étend entre le haut de l’Outaouais et le nord du Lac Supérieur offriront peut-être quelque obstacle au fonctionnement de la ligne, mais nous n’avons rien à craindre du climat de la province de Manitoba, du territoire