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Page:Tassé - Le chemin de fer canadien du Pacifique, 1872.djvu/57

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CANADIEN DU PACIFIQUE.

son commerce. N’est-ce pas là une preuve évidente qu’après nous être laissé devancer par nos voisins, il nous faut contrecarrer ces mesures, qui auraient pour effet d’américaniser promptement la nouvelle province de Manitoba, ou bien avouer notre impuissance ?

Notre chemin du Pacifique développera, entre autres grandes vallées, celle qu’arrose la rivière Assiniboine, le plus important tributaire de la Rivière Rouge. Mgr Taché dit que « cette rivière n’est point navigable quoiqu’elle ait un cours de plusieurs centaines de milles. Son cours est excessivement tortueux, le bas coule sur un lit argileux à travers une vallée fertile, le haut traverse une plaine souvent sablonneuse et aride… Le grand affluent de l’Assiniboine à l’Ouest est la rivière Qu’appelle, petit ruisseau au fond d’une vallée délicieuse et dont l’élargissement forme huit lacs où abonde la meilleure qualité de poisson blanc. Avec plus de bois la vallée du lac Qu’appelle serait une place de premier choix pour la colonisation. »

Parlons maintenant, de la grande vallée de la Siskatchewan, cette magnifique rivière qui, avec ses diverses branches, arrose une vaste région extrêmement productive et entre autres, la zone fertile {fertile belt). Tous ceux qui ont visité ce pays ne tarissent pas d’éloges sur sa beauté et ses richesses agricoles et houillères. Dès 1814, notre compatriote Gabriel Franchère, qui revenait des côtes du Pacifique, en parlait avec la plus haute admiration, comme présentant en plusieurs endroits la scène la plus belle, la plus riante et la mieux diversifiée qu’on puisse imaginer. Pourquoi, disait-il, tandis qu’en Europe et en Angleterre surtout, tant de milliers d’hommes ne possèdent pas en propre un pouce de terre, et cultivent le sol de leur patrie pour des propriétaires qui leur laissent à peine de quoi subsister, tant de millions d’arpents de terres en apparence grasses et fertiles, restent-ils incultes et absolument inutiles ?

M. E. Bourgeau, un botaniste remarquable qui accompagna le Capt. Paisler dans son expédition, disait entre autres choses : « Je dois appeler l’attention sur les avantages qu’il y aurait de fonder des établissements agricoles dans les vastes plaines de la Terre de Rupert, et particulièrement sur la Siskatchewan, dans les environs du Fort Carlelon. Cette région est beaucoup plus propre à la culture des principales céréales des climats tempérés, tels que le blé, le seigle, l’orge, l’avoine, etc., qu’on semblerait porté à le croire, à cause de sa haute latitude. En effet, les quelques tentatives, que l’on a faites, de cultiver des céréales dans les environs des postes de la compagnie de la Baie d’Hudson, démontrent abondamment combien il serait facile de récolter des produits sur une échelle suffisante pour récompenser le travail du cultivateur. Là,