Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

culier, il fut expulsé de France ; il alla se fixer dans une petite commune appelée Ferney, près de la frontière suisse, et, sans ressource aucune, il sut par son adresse — de marabout, si vous le voulez, — se faire des rentes de la crédulité des pauvres paysans du lieu et vécut bien à son aise, douillettement. Il finit ses jours on ne peut plus agréablement dans un château qu’il fit bâtir avec les écus que lui donnaient des catholiques. »


Le lendemain nous allons photographier le tombeau de Bou-Mahomet

Bou-Hyahia en profite pour nous faire passer par des repaires de sangliers ; nous étions armés, mais aucun animal ne montra son groin, au grand dépit de mon maître et de notre guide, car ce dernier flairait un supplément de paye, s’il était arrivé à en faire abattre un à son généreux client.

Peu satisfait du résultat de cette cure, nous quittons Hammam-Righa et, après avoir passé deux jours à Alger, (le temps d’y prendre différentes choses, entre autres des bottes en cuir de Russie, que mon maître devait recevoir à Theniet-el-Haad pour la chasse à la panthère) nous partons pour Tunis. On a dit à Monsieur que le climat y est plus humide et moins énervant qu’en Algérie.

Nous prenons forcément le premier train à 6 heures du matin. C’est le seul. M. de Maupassant est à la portière pour voir le soleil se lever sur la mer ; nous sommes seuls dans notre compartiment. Il jette un coup d’œil sur la route du cimetière arabe et du jardin d’Hussein-Dey, où, sur les barrières, on aperçoit des singes énormes. « Sont-ils laids, affreux ! » dit-il.

Le train s’arrête à toutes les gares, et marche avec une lenteur de tortue ; on croirait faire une promenade en