Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/201

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puissance, sut s’en tirer sans prononcer ni oui, ni non, ce qui faisait trépigner les belles passagères, et le mot de fin Normand vint sur toutes les lèvres…

Le ciel s’était démesurément agrandi, on n’apercevait que des lumières éparses. Je me disais : « Depuis le temps qu’on navigue, nous allons sans doute aller débarquer à Mantes ou à Elbeuf. Un tour à la Maupassant. Tout le monde sera obligé de coucher à l’hôtel. » Mais je me trompais ; à une heure du matin, nous abordons au pont de Saint-Germain. Des landaus sont là, qui attendent pour ramener à Paris ces dames et quelques messieurs. Mon maître, ses amis les plus intrépides et moi, nous allons prendre le train à Saint-Germain et nous rentrons à 3 heures du matin rue Montchanin.

Le 21 juillet, Monsieur se décide à rentrer à Paris. Il n’est pas heureux avec ses médecins ; la semaine dernière, c’était le docteur Grubby qui lui avouait qu’il le traitait par la persuasion ; aujourd’hui, c’est son oculiste qui lui laisse entendre que le mal des yeux ne fait que suivre l’état général, et que pour obtenir du mieux, il faudrait améliorer son état de santé. Sur ce, Monsieur pense que le voisinage de la Seine est peut-être pour beaucoup dans l’état nerveux dont il souffre en ce moment. Aussi il ordonne de remonter les bateaux au garage de Poissy, et le 25, il part pour Paris, où j’arrive également le soir avec la voiture de déménagement.

Le 27, nous prenons le train pour Étretat où M. de Maupassant retrouve avec grande satisfaction sa forte douche, à l’eau très froide de son puits. Après quelques jours, il constate un mieux sensible et se remet au travail. Notre Cœur est sur le chantier, mais il l’abandonne pendant une semaine pour écrire une chronique des-