Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ensuite on irait mouiller en rade de Santa-Margherita.

Dès le premier jour, mon maître trouva un appartement à cent cinquante mètres du port et sur le versant Sud de la rade. Il l’arrêta pour un mois : « Voyez-vous, François, me dit-il, avec cette belle vue sur la mer, je pourrai travailler. » Deux jours après, il prévint Bernard qu’à la première brise favorable, il profiterait de la circonstance pour se faire conduire à Sistri-Lavente avec le bateau, et que, de là, il irait passer deux ou trois jours dans la montagne.

Un matin, donc, après avoir traversé ce joli golfe, nous arrivions à Sistri-Lavente, par un temps superbe. Muni de son sac de voyage, Monsieur prit une voiture et partit. Nous profitâmes de son absence et de notre séjour dans ce pays pour faire des provisions. Le temps était si beau que nous passâmes la nuit sur la rade de Sistri et ne rentrâmes que le lendemain à Santa-Margherita.

M. de Maupassant revint le troisième jour au matin. La petite ville était très animée par un va-et-vient continuel, des drapeaux furent mis aux façades des maisons. Nous nous demandions ce que cela voulait dire, quand un naturel du pays demanda à terre le capitaine du Bel-Ami. Il sollicitait simplement la faveur de venir jouer la Marseillaise devant ce bateau, sur lequel flottait le drapeau français, puisque c’était le jour anniversaire de l’unité de l’Italie.

Monsieur le lui permit volontiers, mais recommanda surtout à Bernard de ne laisser monter personne à bord. Enfin, vers 3 heures, le concert commença par la Marseillaise et finit par le même hymne, d’autant mieux accueilli par la population qu’elle était foncièrement républicaine.