Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/223

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Le soir, M. de Maupassant chargea Bernard, qu’il avait muni de quelques louis, d’aller offrir un punch aux musiciens. Je l’accompagnai, et nous assistâmes alors à une soirée vraiment comique et des mieux réussies. Grâce à la générosité du patron, cette soirée nous mit en rapport avec des gens très sympathiques et bien posés dans le pays.

Je crois qu’il est regrettable que Monsieur n’ait pas pu voir de plus près la population de Santa-Margherita qui lui aurait donné plus de documents que le profil d’une paysanne aperçu au détour d’un sentier[1].

Le séjour dans ce port prit fin, on envoya le bateau nous attendre à Gênes. Pendant ce temps, M. de Maupassant visitait quelques villes de l’intérieur, Florence, par exemple.


Nous gagnâmes cette dernière ville par la voie ferrée. Mais dès le troisième jour de notre arrivée, mon maître était fatigué et ne sortit pas. Il me demanda si j’avais visité les musées. Je lui dis que non. « Vous pouvez très bien, me dit-il, les visiter ce matin en allant à la poste prendre mon courrier, car je ne sortirai pas avant déjeuner. »

De retour, je ne pus m’empêcher d’exprimer à M. de Maupassant tout mon étonnement d’avoir vu dans ces musées tant d’œuvres des écoles française et flamande, entre autres la Vierge au chardonneret de Raphaël et tant d’autres dont j’avais lu les noms au Louvre à Paris, ainsi qu’à Bruges, quand j’étais plus jeune. Car la chapelle de l’hospice de Bruges détient quantité d’œuvres de noms fameux de l’école flamande. Quand on a vu une

  1. Voir la Vie errante.