Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/25

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Un jour, il va visiter la baie d’Agay et les montagnes de l’Estérel. Un autre jour, il accompagne sa mère en voiture à Vallauris, par la route de la Californie qui passe dans le village où sont installées les fabriques de porcelaine des frères Massier. Le soir, en dînant, mon maître et sa mère s’entretiennent de cette promenade. Il est enchanté des faïences qu’il a achetées pour sa petite Guillette. Il parle de ces MM. Massier, si aimables, si entendus à leurs affaires. Il rappelle les détails de l’excursion, la vue le long de la Corniche, les immenses tapis verts, la mer, les îles au loin. Il paraît ravi et semble décrire un rêve…


Un matin, M. de Maupassant dit à Galice qu’à la première bonne brise ils reconduiront ensemble la Louisette à Antibes. « Et vous, François, ajouta-t-il, vous ne porterez plus mes pistolets chez M. A…, nous partirons prochainement. J’en ai assez ! On ne peut faire deux pas dans la rue, sans avoir son chapeau à la main, pour saluer toutes ces Altesses qui y grouillent. Ils m’invitent trop à dîner, cela me fatigue et ne m’amuse pas toujours. Puis, mon livre va paraître, il faut que je sois à Paris. »

Le 27 février, le père Galice est là ; le vent est bon. Mon maître part avec lui pour reconduire la Louisette. Je les vois gagner la passe de la Croisette et, en quelques bordées, ils sont au large.

Le soir, je m’informe si le voyage avait été bon. « La première partie, oui, me répond Monsieur, mais après avoir tourné la Garoupe, le vent devint instable, soufflant tantôt de l’est, tantôt de la terre, avec cela une forte houle venant du golfe de Gênes. Deux ou trois fois la Louisette embarqua un peu d’eau et le pauvre Galice n’en menait pas large ; je lui fis prendre un verre de