Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/277

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préfère, c’est ce qui m’amuse vraiment à écrire. Tout de même, ajoutait-il après un moment, j’aurais cru cette femme plus sérieuse ! Elle m’avait paru si franche dans nos pourparlers. Je la vois encore sur mon divan où elle m’écoutait si gracieusement, serrant dans sa main le coin d’un des coussins, comme pour mieux affirmer ses réponses. Je dois avouer qu’elle m’avait produit une bonne impression ; j’ai dû par la suite reconnaître qu’elle était aussi bonne comédienne à la ville qu’à la scène. J’avais la naïveté de redouter pour elle ce parfum tout particulier qu’elle préférait, si violent qu’elle en devait, à mon sens, être incommodée elle-même… »

M. Piot-Verdier, chemisier de mon maître, vient lui livrer des chemises de jour et de nuit. Les premières lui vont très bien, elles lui plaisent beaucoup, surtout parce qu’elles sont très simples, mais il n’en est pas de même des chemises de nuit, que M. Piot-Verdier, croyant bien faire, a garnies d’un jabot de couleur. Monsieur lui dit : « Non, non, je ne veux pas de ces ornements ; vous les supprimerez et alors je les accepterai. » Il ajouta : « Si vous voulez me satisfaire, donnez-moi toujours des choses simples, restons dans la note modeste et passons sur les fanfreluches. Vous mettrez un chiffre sous la petite patte, cela suffira… »

Le 22 octobre, M. Piot-Verdier apporte des chaussettes de laine et des caleçons couleur cachou ; c’est un article anglais, bien chaud. Le tout plaît à mon maître ; il remet à son chemisier sa carte où il écrit l’adresse : Chalet de l’Isère, à Cannes ; c’est là qu’on devra lui expédier les gilets de flanelle commandés.


Le 27 juin, M. de Maupassant entreprend un voyage du côté des Cévennes, pour ensuite faire une cure à Luchon.