Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/278

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Nous arrivons à Arles ; Monsieur me dit : « Nous sommes dans la Rome gauloise, cette cité est réputée pour ses beautés féminines et j’espère trouver quelque beau type. » Nous sommes descendus dans un hôtel, sur une place sans caractère. Dès le matin, nous sommes dans la rue, aux portes des églises. Entre autres, nous visitons celle de Saint-Trophime, dont mon maître admire la façade. Dans des ruelles étroites nous apercevons des silhouettes dont la grande mante et la coiffure flottent au gré du vent.

Ce bonnet d’Arles, si vanté, son ruban de velours, non plus que la chapelle blanche qui le surmonte ne donnent à ces femmes l’impression de noblesse que mon maître attendait. « C’est joli dans sa modestie, disait-il ; mais cela n’a rien d’aristocratique… c’est cependant ici que Mistral a fait Mireille. » Notre journée s’acheva sans avoir trouvé la beauté rêvée.

Le lendemain matin, vers 9 heures, un « monsieur Oscar » est là pour nous conduire. Où ? Je ne sais. En sortant de l’hôtel, il nous fait prendre une rue tournante qui monte et, après quelques minutes, nous arrivons aux Arènes ; il nous en fait l’historique, revenant toujours aux Romains.

Puis nous arrivons sur une hauteur où se trouve une sorte d’ancienne place publique. Ce quartier est absolument lamentable ; les maisons tombent les unes à côté des autres sans un semblant de réparation pour les sauver. On se croirait dans quelque cité abandonnée, et bien loin de cette ville renommée qu’on a appelée quelquefois la Pompéi de France. Aussi mon maître regarde-t-il d’un air morne ce triste tableau.

Cent mètres plus loin, M. Oscar sonne à une porte vernie, couverte en partie de gros clous à tête noire, et