Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/289

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à son voyage en Suisse que nous devons l’honneur de sa visite…

Six jours plus tard, un coupé est de nouveau à la porte pour emmener la visiteuse, mais quel n’est pas mon émoi, quand je vois le cheval s’abattre comme une masse. Cet accident pouvait différer le départ de l’inconnue, et c’est ce qu’il ne fallait à aucun prix pour mon maître. Enfin la bête se remet sur pied et peut conduire à Genève celle que mon maître voyait s’éloigner avec plaisir.

Il s’agit maintenant de se ressaisir, de rendre la paix, le calme, à l’écrivain surmené pour qu’il puisse nous donner de nouveaux chefs-d’œuvre.

Le 23 août, une détente se produit dans l’état général de mon maître ; le docteur est venu déjeuner ce matin, il a trouvé une amélioration sensible des côtes. C’est un point dont on n’aura plus à s’occuper d’ici quelques jours, et fort heureusement, car un autre ennui a surgi.

Deux personnes ont loué les chambres attenantes aux nôtres. Ils n’y sont pas depuis trois jours, que, la nuit, ils font un tapage insupportable. Ce sont des orgies sans fin, indescriptibles. M. de Maupassant part de là pour me raconter qu’il lui est arrivé souvent de sortir la nuit au grand air pour se désinfecter des odeurs dont sont imprégnées ces chambres d’hôtel : « Ces grandes casernes où l’on dort le plus souvent séparés par une simple porte, dit-il, sont quelquefois très instructives ; et je me propose d’écrire bientôt une nouvelle intitulée La première nuit, qui sera une sorte de memento comique, pour les mariés de la matinée. J’ai recueilli des documents extraordinaires à l’hôtel Noailles à Marseille… »


Aujourd’hui nous avons bien travaillé ; j’ai transporté