Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/295

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Le 20 septembre, vers 2 heures de l’après-midi, le timbre électrique, dont les piles n’ont pas été renouvelées depuis plusieurs mois, sonne d’une manière traînarde. Je vais ouvrir et je me trouve en face de cette femme qui a déjà fait tant de mal à mon maître. Comme toujours, elle passe, raide, et entre dans le salon sans que son visage, qui paraît de marbre, ait fait le moindre mouvement… Je me retire dans ma chambre : un sentiment de tristesse mêlé d’un peu de colère, me saisit. Ne devrais-je pas dire son fait à la visiteuse néfaste, lui reprocher le crime qu’elle commet de gaîté de cœur, au besoin la mettre dehors sans cérémonie ?… Mais, puisque mon maître voulait bien la recevoir, je ne pouvais que m’incliner… Je puis dire maintenant combien je regrette de ne pas avoir eu alors le courage de céder à ces impulsions d’éloigner ce vampire ! Mon maître vivrait encore…

Le soir, il semble accablé et ne souffle mot de la visite.


Le 17 octobre, à 11 heures du soir, l’ami de mon maître, l’éminent professeur, vient de lui envoyer le docteur D…, car il est en proie à un malaise indicible. Après un temps de conversation cordiale, le médecin se retire et je continue mon rôle de garde-malade jusqu’à 4 heures du matin. Mon maître s’endort d’un profond sommeil ; alors je me retire pour prendre un peu de repos.


Le 19 octobre, il est moins bien ; je pourrais presque dire qu’il a reperdu toute l’avance que lui avait procurée sa cure de Divonne. Le docteur D… est venu le voir, puis le professeur G…, qui a provoqué une consultation pour après-demain.