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Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/101

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Où tout entier le monde se révèle !
La Mort est là ; mais la Mort paraît belle !
C’est un jeune ange, au maintien triste et doux ;
D’un léger deuil le voile l’environne,
De pâles fleurs son beau front se couronne ;
C’est un ami qui s’approche de nous ;
D’aucun effroi sa marche n’est suivie ;
Ses chastes mains, du flambeau de la vie
Contre le sol pressent l’éclat mortel ;
Mais d’un regard il endort la souffrance,
Mais tous ses traits rayonnent d’espérance,
Mais il sourit et nous montre le ciel !
Du jour bientôt le midi nous éclaire,
Et, dégagé des vapeurs du matin,
L’ange grandit ; son front devient sévère
En dépouillant ce nuage incertain :
Plus il avance et plus on le redoute ;
Tous les trésors amassés sur la route,
Sa vaste main s’ouvre pour les ravir,
Et c’est alors que la Mort fait pâlir !
Mais elle approche et s’agrandit sans cesser
L’âme entrevoit le terme du chemin ;
Déjà s’enfuit, sous l’ombre qui s’abaisse,
L’éclat mourant d’un soir sans lendemain ;
Du poids des ans s’accroît notre faiblesse ;
La Mort est là ! courbés par la vieillesse,
Quand nous touchons à ses pieds redoutés,
Son front immense est caché dans la nue ;
Mais si le spectre échappe à notre vue,
Nous le sentons debout à nos côtés !

Quoi, je mourrai, quoi ? le temps à sa suite
Amènera l’irrévocable jour,
Le jour muet et sombre, où sans retour
S’arrêtera ce cœur qui bat si vite ?
Oui, quand les biens que garde l’avenir
Me chercheront, j’aurai quitté la terre,