Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/163

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De sa paupière
J’écarterai ses importuns rayons.

DEUXIÈME FÉE.
J’irai chercher les aigrettes mobiles,
Brillant duvet de ces globes fragiles
Que les amants
Soufflent parfois d’une inquiète haleine,
Et que la plaine
Voit fuir moins vite, hélas ! que leurs serments.

CHŒUR.
Bercez, bercez la jeune souveraine,
Doux bruits des vents, du feuillage, des eaux ;
Doux rossignols, bercez, bercez la Reine,
Bercez la Reine et charmez son repos.

Mais semblable en sa fuite au nuage qui passe,
Le songe disparaît, la vision s’efface,
Et du monde idéal l’éclat évanoui
Fascine encor long-temps mon regard ébloui.
La raison cependant, docile à ces prestiges,
D’un merveilleux génie admire les prodiges :
Ainsi de ses secrets le puissant enchanteur,
A mes yeux étonnés déployait la hauteur.
Posant un pied tremblant sur sa trace immortelle,
J’essayai de le suivre en sa route nouvelle.
J’ai tenté de saisir, sous mes faibles pinceaux,
Quelques traits détachés de ses vastes tableaux ;
Et de ses nobles chants ma voix inentendue
Tout bas a répété quelque note perdue.
Oh ! ne me blâmez point ! Si de nos bois surpris
Un orchestre imprévu frappe les verts abris,
D’un écho fugitif la voix par intervalles
Y marie au hasard des notes inégales,
Et du penchant des monts renvoie au gré des airs
Quelques sons affaiblis de ces lointains concerts.