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LA VEILLE DE NOËL.


Porte des cieux, Vase élu, Vierge sainte,
Toi qui du monde enfantas le Sauveur,
Pardonne, hélas ! trahissant ma ferveur,
L’hymne pieux devient un chant de plainte.

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Le monde entier m’oublie et me délaisse ;
Je n’ai connu que d’éternels soucis :
Vierge sacrée, au moins donne à mon fils
Tout le bonheur qu’espérait ma jeunesse !

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Paisible, il dort du sommeil de son âge,
Sans pressentir mes douloureux tourments.
Reine du ciel, accorde-lui longtemps
Ce doux repos, qui n’est plus mon partage !

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.
 
Tendre arbrisseau menacé par l’orage,
Privé d’un père, où sera ton appui ?
À ta faiblesse il ne reste aujourd’hui
Que mon amour, mes soins et mon courage.

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Mère du Dieu que le chrétien révère,
Ma faible voix s’anime en t’implorant ;