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LA VEILLE DE NOËL.

Ton divin fils est né pauvre et souffrant :
Ah ! prends pitié des larmes d’une mère !

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Des pas nombreux font retentir la ville ;
Ce bruit confus, s’éloignant par degrés,
M’apprend la fin des cantiques sacrés.
J’écoute encor… déjà tout est tranquille.

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Tout dort, hélas ! je travaille et je veille ;
La paix des nuits ne ferme plus mes yeux.
Permets du moins, appui des malheureux,
Que ma douleur jusqu’au matin sommeille !

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Mais non, rejette, ô divine Espérance !
Ces lâches vœux, vains murmures du cœur ;
Je veux bénir cette longue souffrance,
Gage certain d’un immortel bonheur.

Entre mes doigts guide ce lin docile,
Pour mon enfant tourne, léger fuseau ;
Seul tu soutiens sa vie encor débile :
Tourne sans bruit auprès de son berceau.