LE BARDE
Oh ! blame not the Bard…
Ne blâmez point la molle rêverie
Qui m’aide à fuir les pensers glorieux :
Je ne puis rien aux maux de ma patrie ;
Je veux du moins en détourner les yeux.
Festins, où naît l’éclatante saillie,
Apportez-moi vos plaisirs renaissants :
La coupe d’or, l’amour et la folie
Vont désormais inspirer mes accents ;
Et toi, ma harpe, en vantant le sourire,
Le doux caprice, armes de la beauté,
Oublie, hélas ! que tu saurais redire
Ces mots sacrés : Vengeance et Liberté !
Ne blâmez point la molle rêverie
Qui m’aide à fuir les pensers glorieux :
Je ne puis rien aux maux de ma pairie ;
Je veux du moins en détourner les yeux.
Oui, cette corde, âme d’un luth sonore,
Courberait l’arc au signal du danger ;
Elle saurait, sous la main qui l’honore,
Lancer le trait fatal à l’étranger.