Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
DE ROBERT ESTIENNE.
estienne.
Eh bien ! traitez la chose au gré de votre humeur !

Mais que ce soit du moins en femme d’Imprimeur.
Mais que ce soit du moins en femme(Il sort.)

la femme d’estienne.
Ma tâche est malaisée, et je crains ma faiblesse.

Cependant, puisqu’ici j’en ai fait la promesse,
Il faut bien à ma gloire essayer d’en sortir ;
À moi donc, art des vers, bel art du bien-mentir !

« Sur le premier roseau, quand l’humaine pensée
» Vit en traits déliés son empreinte tracée
» Pour la première fois,
» Elle frémit d’orgueil d’atteindre à la mémoire,
» Et de parler aux yeux, sans confier sa gloire
» À d’infidèles voix.

» C’est alors seulement que son règne commence,
» Alors, qu’elle entrevoit cet avenir immense
» Ouvert devant ses pas,
» Qu’elle peut à son gré franchir la terre et l’onde,
» Éterniser ses lois, et dominer le monde
» Au delà du trépas.

» Quel empire aura donc la puissance infinie,
» Qui mille et mille fois reproduit le génie,
» Sous un aspect pareil !
» Comme un miroir, formé de facettes semblables,
» Multiplie, en brisant ses angles innombrables,
» Les rayons du soleil.