Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
LA NEIGE.

Mais ce linceul pesant, sous sa morne pâleur,
Double en la comprimant ta féconde chaleur :
Telle, dans nos hameaux, la couveuse fidèle
Cache un germe inconnu sous l’ombre de son aile,
Et peut-être, trompée en son aveugle amour,
S’étonnera des fruits qui vont éclore au jour.
Déjà dans sa puissance où la terre se fie
Fermente sourdement le principe de vie ;
Déjà, la sève errante en ses mille canaux
Promet aux troncs vieillis des rejetons nouveaux,
Et sur le froid sommeil de la nature entière
Plane un songe d’espoir, de joie et de lumière.
Pour hâter le moment d’un glorieux réveil,
France, que te faut-il ? Un rayon du soleil !
Le soleil, il est là, brillant sous ce nuage,
Comme la vérité, dont son astre est l’image :
Comme elle aussi, couvert d’un voile passager,
Qui l’obscurcit un jour, mais ne peut le changer.
Ah ! si l’ombre est rapide et lui seul immuable,
S’il faut subir du temps le cours inexorable,
Si le plus long hiver est suivi d’un printemps,
Il vient ! l’hiver s’enfuit ; le temps vole !… j’attends !