LE PROLOGUE.
Où sont ces jours, ces jours au vol agile,
Que suit au loin le regard désolé,
Débris épars de mon trésor fragile,
Monceau de plume où le vent a soufflé ?
Ces jours pourtant n’étaient pas sans tristesse !
Mais l’espérance, et surtout la jeunesse
Mêlent un baume à toutes nos douleurs ;
Notre âme alors, soumise à leur atteinte,
Comme l’enfant, bientôt charme sa plainte
En se berçant au branle de ses pleurs !
Où sont ces vers, ces vers frais et timides,
Entrés en scène au bruit d’échos flatteurs ?
Où sont ces mains, dont les bravos rapides
Encourageaient mes novices acteurs ?
Où sont ces noms, jeune et docte alliance,
Amis des arts, prêtres de la science,
Depuis surtout que des instans meilleurs
Ont à leur gré suivi nos jours sinistres ?
Préfets, hélas ! Députés ou Ministres.
À gauche, à droit, tous regardent ailleurs !