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PEAU-D’ÂNE.


Naguère encor ces routes inconnues,
Criait la foule, à tous pourraient s’ouvrir !
Nochers des airs, avec vous dans les nues,
Mon fol esprit d’avance allait courir.
Oh ! pour le cœur, quels battemens étranges !
En voyageant par le chemin des anges,
Deviendra-t-on plus pur, meilleur, plus doux ?
Adieu la terre, adieu !… Le ballon crève ;
Avec son gaz s’évapore mon rêve…
N’est-ce point là comme ils finissent tous ?

Mais, sur ses pieds, voyager solitaire ;
N’avoir bateaux, voitures, ni ballons ;
Sous les rigueurs du ciel et de la terre,
Toujours se dire : Allons, Peau-d’Âne, allons !
Ce sort est dur pour une presque-reine !
Souvent aussi, succombant à la peine,
Plus que son corps, son cœur est abattu ;
Et pas un gîte à son repos propice ;
Pas un abri, pas même un seuil d’hospice :
C’est là pourtant que mène la vertu !

Toujours marchant, du soir jusqu’à l’aurore
Sans s’arrêter, puis de l’aurore au soir,
Elle alla loin, bien loin, plus loin encore,
Tant qu’à la peine il lui fallut s’asseoir.
Une cité s’est enfin rencontrée ;
Un monument s’élevait à l’entrée,
Dont le toit rouge au loin se faisait voir.
— « Voilà, sans doute, à son aspect tranquille,