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ce Triangle « le Maître de la Maison », il Moallem tad-dar. L’opération magique ne peut pas être répétée plus d’une fois tous les trois ans.

Le Dieu-Bon étant invoqué selon le rite, sa signature lumineuse se trace dans l’air comme un éclair, en ses cinq traits enchevêtrés et fulgurants ; c’est le signe, par lequel il fait savoir à l’assemblée qu’il consent à animer la flèche de fer par l’esprit de Thomas Vaughan.

En effet, les Mages Élus présents, ainsi que la Maîtresse Templière Souveraine, s’il s’en trouve quelqu’une de passage à Malte, évoquent alors Philalèthe.

Seul, l’esprit de Philalèthe se manifeste dans la flèche de fer. — On m’excusera de parler le langage de mes ex-Frères : je sais aujourd’hui que ce ne sont point les âmes des humains trépassés qui agissent en ces œuvres maudites ; c’est le démon, lui véritablement. Je donne cette déclaration une bonne fois, afin de n’avoir plus à y revenir. Mais on comprendra que, pour présenter l’état d’âme des occultistes d’une manière intelligible, je dois m’exprimer à leur point de vue, quoique ne partageant plus leur erreur. — Et l’esprit de Philalèthe, en cette manifestation, écrit sur un seul thème : il narre son enlèvement par le Dieu-Bon, c’est-à-dire sa disparition du 25 mars 1678.

Je le répète donc, et j’accentue mon défi : M. le contre-amiral Markham (Albert-Hastings) est vivant ; il est un des officiers supérieurs les plus connus de la marine anglaise, si par contre sa haute situation maçonnique est ignorée de la généralité de ses compatriotes, eh bien, il ne me démentira pas ; il ne saurait nier que le Parfait Triangle dont il est le grand-maître d’honneur et le Préceptorat Templier dont il est le prieur, possèdent, en leur commun siège, n° 27 de la Strada Stretta, à La Valette, île de Malte, la magique flèche de fer qui, d’elle-même et sans encre, écrit en lettres vertes sur le papier la prétendue histoire véritable et sincère de l’enlèvement de mon ancêtre Thomas Vaughan par le prétendu Dieu-Bon au prétendu Ciel Supérieur ou Royaume du Feu Divin.

Mon père et mon oncle m’avaient tant parlé de ce prodige, que, dans l’année 1889, lorsque je vins en Europe à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris, et lorsque j’allai ensuite visiter l’Italie, à mon départ de Naples où les FF ▽ Bovio et Panunzi me présentèrent leurs amis, je me rendis de là à Messine et à Malte, uniquement afin d’assister à cette merveille, d’intérêt direct pour moi ; et je fus reçue par plusieurs des Frères que M. le contre-amiral Markham préside aujourd’hui, maillet battant ; et le Parfait Triangle Il Moallem tad-dar m’ouvrit ses portes ; et je fus saluée par les hommages de tous, comme dernière