Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/195

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les lois spirituelles, causée par ces manifestations externes, gagne chaque jour du terrain dans le scepticisme des masses. Et il n’y aurait rien d’étonnant que celles-ci, à leur tour, poursuivant leurs études nouvelles, ne viennent convertir le clergé à leur croyance dans les lois spirituelles. »

La présomption de Hume, diabolique dans sa véritable cause, pouvait être jusqu’à un certain point légitimée à ses yeux par l’habileté avec laquelle Satan savait donner à ses manifestations une couleur religieuse et même biblique.

Ainsi dans une des séances données à Sandgate (comté de Kent), après plusieurs prodiges devenus ordinaires à Hume : tables élevées à plusieurs pieds au-dessus du sol, accordéons jouant des airs mélodieux, mains et bras apparaissant sous des draperies blanches, etc., voici que la main d’un esprit saisit une Bible protestante qui était sur la table, et l’ouvrit aux yeux de tous. Une feuille fut pliée en deux, et la main, prenant un crayon, marqua les deux versets XVI et XVII du 13e chapitre de saint Matthieu : « Mais bénis soient vos eux, puisqu’ils voient ! Bénies soient vos oreilles, puisqu’elles entendent ! Car, en vérité, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir les choses que vous voyez, et ils ne les ont pas vues ; ils ont désiré entendre les choses que vous entendez, et ils ne les ont pas entendues. »

« À ce moment, ajoute la relation, des mains et des bras furent vus en grand nombre ; à plusieurs reprises, toutes les personnes du cercle les sentirent aussi distinctement que si c’eût été des mains et des bras d’êtres vivants. »

Ces jongleries singeant le sentiment religieux ; n’empêchaient pas les esprits de Hume de trahir de temps en temps leur véritable origine. « Un jour, dit le docteur J.-J.-G. Wilkinson, dans une lettre écrite au Morning Advertiser sous le pseudonyme de Verax, sur ses Soirées passées avec M. Hume et les Esprits, je demandai aux esprits si les jongleurs faisaient leurs tours par les mêmes moyens employés ici ; il me fut répondu : « Non. » Mais ils répondirent franchement : « Oui » quand je leur parlai des jongleurs indiens. » On a va plus haut ce qu’il fallait penser des prodiges des fakirs.

Dans ses crises extatiques, Hume ne manquait pas de prêcher en faveur de la nouvelle doctrine spiritualiste qu’il était chargé d’enseigner au monde. « M. Hume, dit le même docteur Wilkinson, passa ensuite dans un état extatique, et parla de sa vie spirituelle, de l’intronisation prochaine de son dogme sur la terre… »

Il serait beaucoup trop long de suivre notre magicien dans ses pérégrinations apostoliques, en Angleterre, puis en Italie, à Florence, à Naples et à Rome. Ce sont toujours, du reste, à peu près les mêmes prodiges[1] ; la répu-

  1. Quelques relations très curieuses des phénomènes d’Italie, trop longues pour être insérées ici, trouveront leur place dans la Revue mensuelle, qui a été créée comme complément de ma publication.