Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/196

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tation de Hume à Florence était devenue tellement éclatante, qu’elle avait pénétré jusque chez les paysans.

« Ceux-ci croyaient fermement, dit Hume, que j’avais l’habitude d’administrer les sept sacrements de l’Église catholique aux crapauds, pour obtenir, au moyen d’évocations, la résurrection des morts. Ceci les avait tellement enragés, qu’ils étaient pleinement résolus à m’ôter la vie, et, dans ce but, ils se cachaient dans le voisinage, armés de fusils. »

On sent percer, dans le langage du magicien, la secrète pensée qu’il a tout à craindre pour sa vie, des entreprises et des poignards catholiques (?). Il raconte même longuement une prétendue tentative d’assassinat dont il fut sauvegardé par la protection des esprits. Ne se sentant point en sûreté à Florence, et du reste fort à court d’argent, ses amis d’Angleterre le croyant plongé dans une vie des plus dissolues et lui ayant en conséquence coupé les vivres, il profita de la proposition d’un noble Polonais pour quitter cette ville ingrate et se rendre à Naples.

Là, quoique, ainsi que ses esprits le lui avaient annoncé, sa puissance magique l’eût quitté pour une année, il ne laissa pas que de développer par sa présence un certain pouvoir chez les autres ; il eut ainsi l’honneur de convertir un homme qui devait être une des plus grandes lumières spirites, l’honorable Robert Dale Owen, le ministre américain près la cour de Naples, l’auteur futur d’un livre célèbre dans les annales du spiritisme : Faux pas sur les limites d’un autre monde.

Dans les loisirs que lui laissa l’éclipse momentanée de sa puissance diabolique, et peut-être par un effet de la grâce divine, Hume se plongea dans la lecture de tous les livres qu’il put rencontrer, relatifs aux doctrines de l’Église romaine. Ces lectures, et un certain dégoût du monde, surtout depuis son dernier séjour à Florence, l’inclinèrent à entrer dans l’Église catholique, et même à s’enfermer dans un monastère.

C’est dans ces dispositions qu’il arriva à Rome en 1856.

Les Mémoires de Hume, lorsqu’il aborde le sujet de sa conversion (?) au catholicisme, deviennent singulièrement brefs et laconiques. Voici à quoi se bornent ses confidences :

« Après deux ou trois semaines de sérieuses délibérations de la part des autorités cléricales, il fut décidé que je serais reçu membre de l’Église, et la confirmation me fut administrée. La princesse O*** fut ma marraine, et le comte B*** mon parrain. Je fus reçu par le Pape avec une bonté extrême, et il me fit des questions sur mon passé. Me montrant un crucifix qui se trouvait près de nous sur la table, il ajouta : « Mon fils, c’est en ceci que nous plaçons « notre foi ». Il me donna ensuite une grande médaille d’argent, que j’ai eu depuis le malheur de perdre. »

Tout porte à croire que la conversion de Hume au catholicisme n’était pas