Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/2

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Ainsi, pour montrer le magnétisme occulte dans son épanouissement démoniaque (médiums lucifériens ou vocates élus), j’ai dû appeler d’abord l’attention de mes lecteurs sur les vocates procédants, qui, eux, n’opèrent pas dans les ateliers maçonniques, et même il m’a fallu, avant tout, prendre comme point de départ les supercheries des pseudo-spirites.

C’est là le seul procédé pratique à employer dans un examen profond et sérieux.

De même, si je veux dévoiler le satanisme de la Mancique, il m’est nécessaire de m’astreindre au même ordre d’explications graduelles.

La Mancique, c’est, nous le savons, la Magie divinatoire ; elle a ses charlatans, ses imposteurs, comme le spiritisme ; ce sont, du reste, à peu près les mêmes personnages, tout au moins des individus de la même espèce.

Une des prétentions de Satan, lorsqu’il communique avec ses fidèles préférés, est de faire croire qu’il possède la science de l’avenir ; c’est là un de ses artifices familiers. Mais il suffit de raisonner cinq minutes pour voir et se convaincre que, dans ce cas, comme toujours, le diable ment et trompe ses adeptes ; et ceci va prouver, une fois de plus, qu’il n’y a de vraie raison que celle qui est d’accord avec la foi.

En effet, comment Satan, archange déchu, pourrait-il connaître l’avenir, alors que les bons anges eux-mêmes, les patriarches, les saints, même saint Joseph et la Sainte Vierge, l’ignorent, ou, pour mieux dire, n’en savent que les fractions, les parcelles à eux dévoilées par Dieu ?

Il n’est qu’un seul être, dans l’immensité infinie des mondes, qui connaisse l’avenir : c’est Dieu, attendu que Dieu a tout créé de rien, attendu que lui seul règle la destinée des êtres animés et des choses inanimées ; lui seul sait ce qu’il a décrété, et ce n’est pas le vaincu des abîmes infernaux, certes, qui a la possibilité de changer d’un iota telle ou telle décision de Dieu, seul tout-puissant. Dieu seul sait ce qui doit arriver, puisque seul il est maître de faire que ceci ou cela arrive.

Je ne dois pas négliger la réponse du manichéo-gnosticisme au dogme chrétien. Les palladistes aveugles et autres partisans du système de la divinité double, ceux qui sont sincères, — et il en est, comme cette pauvre Diana Vaughan, que je ne saurais trop recommander aux prières de mes amis, — nous répondent : « Votre raisonnement tiendrait debout, s’il n’y avait vraiment qu’un seul Dieu, ainsi que vous le dites ; mais, en réalité, il y en a deux : le vôtre, qui est cruel, barbare, qui est le principe du mal, et celui que nous adorons, qui est bon, doux pour l’humanité qu’il aime, qui est le principe du bien. Ces deux principes, étant éternels l’un et l’autre, étant l’un et l’autre divins, n’ont chacun d’autre limite à sa puissance que la puissance infinie de l’autre (c’est notre mystère, à nous, palladistes) ; et, si l’un des deux dieux contraires pouvait, à un moment donné, avoir la prééminence