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le Spiritual Athenœum, pour la propagation des doctrines spirites. Il vécut dès lors aux dépens de la Société, dont il était le secrétaire.

En 1866, une riche veuve, nommée Jane Lyon, l’adoptait pour son fils, et lui faisait don de 60.000 livres sterlings, qu’elle réclama peu après devant les tribunaux, sous prétexte que Hume les lui avait extorquées par une influence « spirituelle ». Le tribunal décida en faveur de la plaignante.

En 1870-71, nous trouvons notre magicien à la suite de l’armée allemande qu’il accompagna de Sedan à Versailles, où il fut publiquement reconnu et reçu par le roi de Prusse.

Dans le mois d’octobre de 1871, il épousait à Paris une jeune fille de la noble famille russe d’Aksakoff, nom célèbre dans les fastes du spiritisme russe. Sa santé commençant à baisser considérablement en 1872, il établit sa résidence tantôt à Nice, tantôt en Suisse.

Les loisirs de ses dernières années furent consacrés à la composition d’un livre, qui parut, en 1877, sous le titre de Lumières et Ombres du Spiritualisme. Il y dévoile impitoyablement toutes les supercheries du faux spiritisme, les nombreuses « scélératesses » commises en son nom ; il y attaque

    prudence, il déclina l’invitation sous prétexte de motifs graves et de raisons impératives, qu’il déclara ne pouvoir faire connaître. Le but principal du banquet étant manqué, on l’ajourna à une circonstance plus heureuse.
    La partie la plus importante du repas devait être la série des toasts préparés par les convives. Ces toasts furent publiés, et il faut en mettre quelques fragments sous les yeux du lecteur afin qu’il sache bien jusqu’où vont le fureur et la rage de la secte diabolique contre l’Église romaine.
    Voici un passage du toast porté par le directeur de la Revue Spiritualiste, Z.-J. Piérart :
    « C’est encore le même esprit (l’esprit du moyen-âge) qui anime nos inquisiteurs modernes. Dans leurs anathèmes, ils ne font point de distinction. Que vous soyez orthodoxe ou non, propagateur d’hérésie ou fils soumis de l’Église, du moment que vous êtes fauteur de faits de l’ordre spirituel, vous êtes condamné, mis hors du giron, voué à l’abomination de la désolation.
    « M. Hume en est un exemple… Ses Mémoires, livre de faits, étranger à toute doctrine, à toute conclusion extra-catholique, ont été mis à l’index…
    « Qui êtes-vous donc, hommes étranges, qui avez à ce point peur des manifestations de l’Esprit, qu’il vous faille le bras séculier, une police, des gendarmes pour les combattre ?…
    « Si vous n’avez pas hérité du don de miracles des apôtres, n’en perdez pas au moins le souvenir. — Cessez alors de substituer vos persécutions à celles des Lyrans contre lesquels tant de courageux apôtres luttèrent. Retirez-vous. — Abdiquez votre puissance temporelle, et laissez le Saint-Esprit accomplir librement son œuvre ; laissez-le souffler là où il le juge bon. Laissez le, vous dis-je, si vous ne voulez bientôt être foudroyés par lui !…
    « Quel vertige vous égare ? Serait-il vrai qu’il faille vous appliquer cette maxime qui plus d’une fois a retenti à la veille des jours où la justice de Dieu s’est fait comprendre :

    « Quos vult perdere Jupiter dementat ! »

    « Sait-on ce que le jeune médium écossais était allé faire dans la ville de Léon X et d’Alexandre Borgia ? Le sait-il lui-même ? Il croit y avoir été poussé par le besoin d’un climat plus doux, par son amour pour les arts. Mais ne devait-il pas, en y séjournant, retrouver à son insu des facultés prophétiques, et en nouveau Jonas avertir de son destin cette Ninive moderne, pour qu’elle puisse à temps retrouver la voie de Dieu et se convertir ! Mais c’est bien plus : le jeune médium porte le nom de Daniel, et dans la Babylone moderne, celle que le xvie siècle a appelée la grande prostituée, le nouveau Daniel était peut-être poussé à assister à quelque festin de Balthazar, comme il s’y en trouve au moment des saturnales de février. Là, peut-être, aurait-il vu une main invisible écrire encore les mots fatals : Mané, Thécel, Pharès, et il aurait pu en donner à temps l’explication. Mais un esprit de vertige l’a fait expulser de cette ville des destinées, où il semblait avoir été mystérieusement poussé dans ces temps critiques. Il a été rejeté sur la terre des Mèdes et des Perses du monde moderne. Craignez, malheureux astrologues, chaldéens aveugles, qu’il n’y rentre bientôt à leur suite !… »