Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/204

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enthousiastes champions de l’apparition des esprits, et de leur commerce avec les vivants, M. A. Russel Wallace. Hâtons-nous de dire qu’il est, avec Darwin, l’inventeur de la fameuse hypothèse de l’évolution et de la sélection naturelle, dont j’ai démontré plus haut l’absurdité et le néant. Écoutons-le lui-même nous exposer comment il fut converti au spiritisme :

« J’étais, dit-il, un matérialiste si complet et si convaincu, qu’il ne pouvait y avoir dans mon esprit aucune place pour une existence spirituelle et pour aucun autre agent dans l’univers que la matière et la force. Les faits, cependant, sont des choses opiniâtres. Ma curiosité fut d’abord excitée par quelques phénomènes légers, mais inexplicables, qui se produisaient dans une famille d’amis ; mon désir de savoir et mon amour de la vérité me forcèrent de poursuivre les recherches. Les faits devinrent de plus en plus certains, de plus en plus variés, de plus en plus éloignés de tout ce que la science moderne enseigne et de toutes les spéculations de la philosophie de nos jours. Les faits me vainquirent. Ils me forcèrent de les accepter comme faits, longtemps avant que je pusse admettre l’explication « spirituelle ». Il n’y avait pas en ce temps, dans ma fabrique de pensées, de place pour cette conception ; peu à peu, lentement, une place se fit. Elle se fit, non par des opinions préconçues ou théoriques, mais par une continuelle action de faits sur faits dont on ne pouvait se débarrasser d’aucune façon[1] ».

Ce serait être dupe des mots que de s’imaginer que M. Wallace, grâce aux miracles des spirites, se soit converti au véritable spiritualisme même philosophique. Son spiritualisme n’est, comme celui de tous les spirites qui ont un système, qu’un matérialisme déguisé. En acceptant les rêveries des spirites sur les apparitions des trépassés, en d’autres termes, les pratiques de la nécromancie, il n’a point abjuré son darwinisme, et ne reconnaît, en somme, dans la nature, que la matière et la force. Non, le spiritisme, quoi qu’il en dise, ne sera jamais le spiritualisme ; confondre ces deux choses, comme on le fait en Angleterre, et même en France à la suite de l’Angleterre, c’est un sophisme, et un sophisme infernal, digne de Satan qui l’a inventé.

Revenons à Hume.

Je n’insisterai pas sur ses nouvelles manifestations en Italie, en Belgique, en Russie ; elles ne sont, du reste, qu’une répétition, avec quelques variantes des manifestations décrites plus haut. Il revint ensuite à Paris, le 20 janvier 1863, et continua de fréquenter les Tuileries. L’année suivante, il fut sommairement expulsé de Rome comme sorcier, bien qu’il n’eût pas osé y donner de séances[2]. Il se réfugia alors en Angleterre, où il fonda, avec le Dr Elliotson,

  1. Le Miracle et le monde spiritualiste, 8e.
  2. Aussitôt qu’on eut appris à Paris l’expulsion de Hume, les spirites, en masse, protestèrent ontre l’intolérance et la persécution catholiques, et offrirent au malheureux banni un banquet solennel auquel furent invités tous les croyants. Hume accepta d’abord ; puis, se ravisant par