Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouver en mon livre la preuve que j’ai dû maléficier M. Boullan. En effet, dit-il, dans l’hypothèse contraire, la condamnation du pontife, dépourvue de sanction, se réduirait à un non-sens.

Cette condamnation consistait, comme il est imprimé en toutes lettres à plusieurs pages du Serpent de la Genèse, dans la mise au jour des œuvres et des doctrines du personnage. Il est impossible de s’y tromper un seul instant, pour peu qu’on prenne la peine de lire l’ensemble du chapitre.


Tout catholique reconnaîtra que provoquer en duel des accusateurs n’est pas mettre à néant leurs accusations. Si nous vivions dans un autre siècle, cette querelle entre occultistes aurait été tirée au clair par la justice ; mais aujourd’hui l’État est athée, la loi ne reconnaît pas l’existence du surnaturel.

Je ne veux pas dire par là que M. de Guaita soit réellement l’auteur de la mort de l’apostat Boullan. La mort subite de cet infâme est sans doute le châtiment d’une existence horriblement sacrilège ; Dieu a jugé que c’était assez, et il a foudroyé le prêtre indigne au moment où il s’apprêtait à vulgariser, pour perdre des milliers et des milliers d’âmes, l’abominable livre le Zohar.

Mais M. Stanislas de Guaita est mal venu à se plaindre d’avoir été soupçonné. Pour être diabolisant, il l’est bien, et sa façon d’exposer ironiquement le résumé de ce qui a été publié sur son compte ne peut porter que sur les boulevardiers, qui ne croient à rien. Pour avoir le droit de nier par la tangente de l’ironie, il faudrait au moins que M. de Guaita n’eût pas publié son Essai de sciences maudites et le Temple de Satan, deux ouvrages où il se révèle occultiste de la pire espèce. Il ne faudrait pas que M. de Guaita fût loué à outrance par tous les propagateurs de la sorcellerie moderne.

« Stanislas de Guaita, écrit l’occultiste Papus, 33e, est l’un des kabbalistes contemporains les plus savants et les plus aimés des lecteurs d’occultisme… Stanislas de Guaita est aujourd’hui le seul écrivain qu’on puisse comparer à Éliphas Lévi. »

Éliphas Lévi est le pseudonyme judéo-cabalistique du luciférien Constant, le prêtre apostat dont j’ai fait de nombreuses citations.

« La pureté et la grandeur du style, continue le F∴ Papus, les profondeurs philosophiques abordées et la délicatesse apportées dans l’exposé des sujets les plus troublants font des ouvrages ésotériques de Guaita de véritables monuments de science occulte. Le Temple de Satan est une étude complète de la sorcellerie à toutes les époques et sous toutes ses formes, telle, en vérité, que Stanislas de Guaita était peut-être seul à pouvoir l’écrire. Étayée sur une masse prodigieuse de documents authentiques, pour une bonne part inédits, cette étude témoigne encore d’une compétence vraiment imprévue, en ces matières étranges et troublantes. Enfin, chose plus rare qu’on ne saurait croire, ce livre substantiel et condensé jusqu’à l’excès, ce livre bourré de renseignements et de spécifications précises, n’a rien de difficul-