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tueux ni de rébarbatif ; cette œuvre d’érudition et de science, écrite dans une langue souple, limpide et sobre, bien française, présente l’intérêt et le mouvement d’une œuvre d’imagination ; le Temple de Satan se lit comme un roman. » (Bibliographie méthodique de la science occulte, n° de décembre 1892.)

Il est impossible d’être plus chaleureusement prôné par les apôtres du démon.

D’autre part, les adversaires occultistes de M. de Guaita, et en particulier M. Jules Bois, appartiennent « au monde des démoniaques », selon l’expression de l’ennemi de feu Boullan, et ce n’est pas parce qu’ils mêlent le nom de Jésus à leurs diatribes, que les lecteurs catholiques se laisseront tromper. MM. Jules Bois et Huysmans considèrent le Christ comme un mage, au même titre que Zoroastre, Bouddha, etc. ; c’est un blasphème de plus, voilà la vérité.

Cette observation faite, donnons la réplique de M. Jules Bois à M. de Guaita ; car le disciple de l’apostat Boullan ne voulut pas avoir le dernier mot. Sa lettre fut insérée dans le même n° du Gil-Blas (15 janvier 1893) :

Monsieur le Rédacteur du Gil-Blas,

M. Stanislas de Guaita, le chef des Rose+Croix, « revient de tournée » comme le dit si bien le « représentant » de sa maison.

Il répond enfin.

Il se défend même — et mal ; je dirai plus : il s’accuse encore.

Il s’empêtre dans les pièges qu’il tend et le magicien noir décrit en connaissance de cause ses propres maléfices, il se mire dans ses envoûtements.

Laissons-lui ce triste orgueil ; laissons-lui ce plaisir moins élevé de la réclame qui lui fait citer par deux fois son livre, si profondément inconnu et cependant si chatouilleux que la meilleure partie en est écrite en latin.

Mais, quand il s’agit de se défendre de ce soupçon de satanisme, M. de Guaita recule et tente une diversion. Il change de terrain ; il sort de la discussion ; il quitte la plume et prend l’épée, — dont il se croit plus sûr.

Eh bien ! puisqu’il parle de doucereuse perfidie, je puis lui répondre hautement que si je l’ai attaqué de face, si je soutiens qu’il a poursuivi d’une haine implacable ce vieillard qui maintenant n’est plus, je serai devant lui, Stanislas de Guaita, sur le pré, avec la même audace.

On ne « calomnie » pas, monsieur de Guaita, quand on défend un mort et quand on protège une idée ! Vous, vous jugez, vous condamnez, vous exécutez votre sentence. Votre tribunal, s’il n’est pas horrible, n’est qu’une triste bouffonnerie, et puisque vous vous déclarez mage, je vous citerai l’exemple de vos maitres, de nos maitres, de Jésus, de Bouddha, de Pythagore, de Platon, de Socrate, qui ne surent que mourir et pardonner.

Et maintenant, paix à Boullan, qu’il repose désormais tranquille ; sa querelle renait entre les vivants, et M. Stanislas de Guaita sait bien que nous ne sommes pas des hommes politiques, que contre lui nous ne commencerons pas une guerre mesquine de petits papiers…

Recevez, Monsieur le Rédacteur, l’assurance de mes sentiments cordiaux et distingués.

Jules Bois