Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/326

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intensité beaucoup plus grande. Adolphine Benoît renvoyée de chez ses maîtres, le calme se rétablit pour quinze jours ; à ce terme, c’est le fils du fermier, enfant de trois mois, qui devient en butte aux vexations ; rien ne peut soustraire son berceau aux meubles plus ou moins lourds qui accourent de toutes parts le couvrir ; il n’est pas préservé même dans les bras de sa mère. Enfin, l’abbé Lefranc, curé de Cormainville, paroisse voisine, délégué par l’évêque de Chartres, fait un exorcisme, et tout cesse à l’instant (l’Abeille, 11 mars 1849 ; Constitutionnel, 5 mars 1849 ; Journal de Chartres, même mois).

En décembre 1857 et janvier 1859, des phénomènes presque identiques à ceux d’Angélique Cottin se manifestent à Lahaye, département d’Indre-et-Loire, à l’égard d’une jeune fille nommée Honorine Seguin ; mais celle-ci, moins effrayée qu’Angélique, s’accoutume aux caprices des meubles, elle leur commande bravement, et ils lui obéissent. Elle dit à une chaise : « Va te placer là » ; la chaise glisse sur le parquet et va se placer à l’endroit désigné. « Lève-toi sur deux pieds » ; elle se lève. « Demeure en équilibre » ; elle y demeure. « Frappe dix coups, d’un de tes pieds de devant » ; elle les frappe. « Marque la mesure, pendant que je vais chanter » ; elle bat la mesure, etc. (Louis Figuier),

Arrêtons-nous là, et concluons avec M. l’abbé Lecanu, qui constate l’aveuglement inqualifiable des adversaires du surnaturel. Même les faits, dans le genre de ceux qui viennent d’être cités, ne réussissent pas à les convaincre. Selon eux, toutes ces jeunes filles sont des filles électriques, des raies, des torpilles, des gymnotes. Voyez-vous ça ! Étonnants, messieurs les naturalistes; voilà découvert un nouveau genre d’électricité !…

Cela fait penser à une histoire de crayon magique, écrivant tout seul, suspendu au plafond par un fil, incident arrivé en France et qui montre jusqu’où va la moquerie du démon à l’adresse des incrédules, de ceux dont la prétention, en présence de manifestations sans supercherie, est d’expliquer ces phénomènes par n’importe quel fluide ou on ne sait quelle électricité. On posa la question suivante, rapporte M. l’abbé Lecanu : « Que faut-il penser de l’existence du diable ? » La réponse du crayon, que personne ne touchait, fut : « Je n’existe pas. » Signé : « Satan. »

E. — TALISMANS ET AMULETTES

On entend par talismans et amulettes certains objets que l’on porte ordinairement sur soi, et auxquels sont attachées certaines vertus magiques, curatives ou préservatives. La principale différence qui existe entre le talisman et l’amulette, c’est que le talisman a plutôt des propriétés actives, tandis que l’amulette n’est qu’un simple préservatif. « Amulette » vient du latin amoliri, qui veut dire écarter, éloigner. Le mot « talisman », de source arabe