Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/343

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culier de l’esprit qu’il veut évoquer, dépose de loin, sans entrer dans le cercle, ces feuilles, au moyen d’un trident, aux endroits désignés par la lettre A sur le plan.

Ensuite, Pessina se parfume solennellement avec une pommade de sa composition, et qui varie suivant le jour.

Dans la pommade du lundi, entrent de l’encens et de la myrrhe; dans celle du mardi, de la myrrhe, du benjoin et du storax ; dans celle du mercredi, du benjoin, du storax et de la sandaraque ; dans celle du jeudi, de la myrrhe, du storax et du mastic ; dans celle du vendredi, du mastic, de l’aloès et de la myrrhe ; dans celle du samedi, de la myrrhe, de la sandaraque et de l’aloès ; dans celle du dimanche, du mastic, du storax et du benjoin.

Une fois pommadé, Pessina s’accroche sur la poitrine, au moyen d’une chaînette d’argent passée au cou, un bloc de bois assez volumineux en forme de pyramide.

Quand je vous disais que le grand hiérophante, en train d’évoquer, fait songer au Mardi-Gras ?… Cette pyramide, appliquée contre la poitrine, a tout l’air, vue à quelque distance, d’une bosse de Polichinelle.

Maintenant, Pessina est prêt ; il n’a plus qu’à entrer dans le cercle magique. Il fait d’abord le tour, en marchant sur les noms du Christ et des quatre évangélistes, les piétinant sans les effacer. Puis, il entre dans ce cercle par le midi, se place au point B, et dépose par terre sa pyramide en bois. — Nota : S’il s’agit d’évoquer Beffabuc, la pyramide est remplacée par une bouteille, ce récipient étant l’endroit d’où ce démon se plaît à sortir.

Tout cela, n’est-ce pas, est d’un ridicule achevé ?… Eh bien, il m’a été affirmé, de la façon la plus formelle, que Pessina a parfois des manifestations ; pas souvent, il est vrai, mais enfin il en a. Les diablotins lui font, par-ci, par-là, l’aumône d’une apparition.

J’avais oublié de dire, — mais le lecteur y a pensé, sans doute, — que notre opérateur a une baguette à la main. D’autre part, il porte sur lui un des sept caractères sacrés dont on a vu (page 233) la reproduction. Ajoutez encore qu’il a sur le corps, eu tatouage, les « quatre signes admirables », reproduits à la même page.

Pessina se livre à diverses simagrées de son rituel, et, quand le démon évoqué apparaît, c’est entre la pyramide et les deux feuilles de papier royal qu’il se montre.

La « grande roue parlante » de Pessina mérite aussi quelques lignes. Je traduis textuellement du rituel du magicien misraïmite :

« Il faut faire l’opération dans une journée sereine et au temps de la lune croissante. Dès l’aurore, tu écriras, avec une plume d’oie neuve, avec de l’encre nouvelle, et sur une peau d’agneau vierge, la roue parlante, ayant au