Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/357

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se ménager des moyens d’insertion dans les journaux ; mais le Grand Orient se réserve de lui recommander ceux de ces journaux qui auront sa confiance.


Mais voici les deux plus importants votes du Congrès maçonnique de Milan, ceux qui fixent le mieux le but de la secte relativement à la déchristianisation du peuple :

« IX. Le Congrès décide que le principal but des efforts de la Franc-Maçonnerie italienne sera, pour le présent, d’obtenir du gouvernement :

« a) La régularisation du patrimoine ecclésiastique, dont la propriété appartient à l’État et dont l’administration appartient aux pouvoirs civils ;

« b) L’application énergique de toutes les lois existantes qui assurent à la société civile son indépendance absolu vis-à-vis des influences cléricales ;

« c) L’observation rigoureuse des lois existantes en vertu desquelles les congrégations religieuses devraient être supprimées, et la proposition de toutes mesures de nature à empêcher que ces lois ne soient éludées ;

« d) La promulgation de la loi sur les biens des congrégations religieuses (confiscation) ;

« e) La suppression de toute instruction religieuse dans les écoles ;

« f) La création de collèges pour jeunes filles, où celles-ci soient à l’abri de toute influence cléricale quelconque.

« X. Enfin, le Congrès décide que, par l’initiative de l’autorité maçonnique, il sera procédé à la création d’un grand parti anticlérical, sans distinction d’opinion politique, et dont le but sera de combattre et de détruire le cléricalisme par tous les moyens, quels qu’ils soient. »

On le voit, les inspirateurs du Congrès avaient fidèlement obéi aux ordres du chef suprême Albert Pike, et le vœu du F∴ Garibaldi était accompli. L’agitation allait commencer.

Dans sa séance du 2 juin 1882, l’Assemblée Constituante de la maçonnerie italienne ratifia les décisions du Congrès de Milan.

Toutefois, il est bon de dire que, depuis le 13 juillet 1881, c’est-à-dire environ deux mois avant la réunion du Congrès de Milan, Lemmi s’était déjà mis à l’œuvre pour organiser les anticléricaux en Italie sous la direction occulte du Souverain Directoire Exécutif de là maçonnerie universelle.

Ce jour-là, avait lieu la translation de la dépouille mortelle de Pie IX à l’église Saint-Laurent-hors-les-murs. Lemmi avait recruté, dans la lie de la populace, trois cents et quelques mauvais garnements capables de tout, qui, pour trois lires par tête, devaient troubler la pieuse cérémonie. En effet, dès que le cercueil du pape défunt fut dans le corbillard, sur la place publique, ces individus, massés sur un point, rompirent les rangs des agents qui maintenaient la foule et se précipitèrent vers le char funèbre en criant : « Al Tevere la cassa! » (Au Tibre la caisse !) C’était le mot convenu. La foule ne suivit pas le mouvement et témoigna son horreur d’aussi odieuses exci-