Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/381

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À Édimbourg, cependant, Longfellow ne réussit pas davantage : il eut pour lui, grâce aux efforts du colonel Swinburne et de Samuel Somerville, le lieutenant grand commandeur John White-Melville et un autre membre du Suprême Conseil d’Écosse, nommé William Donaldson ; mais là, ce fut à cause du souverain commandeur grand-maître, le duc d’Atholl, qu’il y eut impossibilité absolue de tenter le moindre effort.

Sur ces entrefaites, Longfellow fut rappelé au Canada par les FF∴ Hunro et James Scott, influents odd-fellows de la seconde classe, qui, craignant de voir le disciple de Moïse Holbrook abandonner l’Ordre, avaient employé tous les moyens de persuasion et étaient parvenus à faire admettre au vieux Wildey qu’il n’était nullement question de le supplanter.

Wildey consentit donc à favoriser le développement de la seconde classe d’initiés, tout en imposant certaines conditions, dont voici les principales :

1° Le grand-maître des parfaits initiés ne s’ingèrerait jamais dans les affaires des loges de la première classe, qui seules demeureraient officiellement les loges de l’Ordre des Odd-Fellows ;

2° Le siège central des loges secrètes de la parfaite initiation serait fixé à Hamilton, et relèverait secrètement de la Grande Loge des États-Unis ;

3° Le souverain grand-maître de la Grande Loge odd-fellow des États-Unis aurait toujours le droit de destituer le grand-maître de la seconde classe et de le remplacer par un autre parfait initié sans avoir à motiver son décret ;

4° La seconde classe formerait uniquement un rite secret ; ses initiés se borneraient à avoir des tenues réservées pour la pratique de leurs cérémonies et ne chercheraient jamais à former une administration distincte ; ils s’imposeraient une surtaxe personnelle qui serait envoyée par les chefs secrets à la Grande Loge des États-Unis, laquelle établirait le budget annuel spécial de la seconde classe et fixerait le chiffre des dépenses des tenues réservées ; dans les cas où le chiffré de ces frais viendrait à être dépassé par une loge secrète, celle-ci devrait faire supporter l’excédent à ses membres, sans avoir à recourir à la caisse de la Grande Loge des États-Unis ;

5° Enfin le souverain grand-maître de l’Ordre, déclinant toute responsabilité relativement aux cérémonies liturgiques des initiés de la seconde classe, se réservait la faculté de renier ceux-ci, dans le cas où le secret de l’innovation viendrait à transpirer et causerait du scandale ; et, pour mieux assurer le mystère du rite nouveau ainsi introduit dans l’Ordre, chaque initié de la seconde classe prendrait un nom particulier, réservé aux procès-verbaux et à l’inscription sur les rôles de la parfaite initiation, de façon à déjouer toutes les recherches des profanes, si l’innovation de Longfellow venait à être soupçonnée.

Le traité fut signé entre Wildey et Longfellow ; le souverain grand-maitre autorisait ainsi l’autre à se servir de l’Ordre des Odd-Fellows pour se livrer,