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masque !), les Loges n’ont provisoirement par de motifs pour agir envers eux d’une manière hostile et pour ne pas admettre leurs visiteurs.

« Par la même raison, on ne peut défendre à aucun Frère maçon d’assister à leurs réunions ; mais il n’y a pas lieu d’entrer avec eux en relations officielles. »

Les Odd-Fellows furent donc admis comme visiteurs à Berlin.

Par contre, l’année précédente, la Grande Loge de Hambourg, à la suite d’une demande de la Loge provinciale de Rostock, avait décidé que les ateliers de son obédience seraient invités à ne pas admettre à leurs travaux des membres de loges d’Odd-Fellows.

À Brunswick, où il existait une loge d’Odd-Fellows depuis 1873, les membres de cette société se virent refuser l’entrée des ateliers du pays qu’ils voulaient visiter.

Berlin comptait alors deux loges assez importantes de ce rite satanique : il en était de même à Stuttgard et à Dresde.

Au mois de juin, les Odd-Fellows firent une demande pour introduire leur Ordre à Francfort-sur-le Mein.

« Les travaux des Odd-Fellows, disait alors le F∴ Kappus, ont lieu à portes fermées, et ils ont, comme signes de reconnaissance, un attouchement et un mot de passe. Il y a aussi une cérémonie d’admission, des bijoux, des ornements, qui sont presque les mêmes que ceux des francs-maçons. »

La loge le Temple de l’Amitié, à l’orient de Bingen, prit la défense des Odd-Fellows auprès de la Grande Loge de l’Union, à l’orient de Darmstadt ; celle de Louis aux Trois-Étoiles, à l’orient de Friedberg, agit de même. Le F∴ Wilhelm Redlich, manufacturier à Bayreuth, grand secrétaire de la Grande Loge de Bavière, dite Grande Loge au Soleil, proposa : « 1° d’accueillir les Odd-Fellows et leurs loges, sans éviter ni rechercher de contact avec eux ; 2° d’admettre ouvertement les francs-maçons allemands dans les ateliers d’Odd-Fellows, et vice versa, sans préférence pour d’autres postulants. » La loge Charles et Charlotte à la Fidélité, orient d’Offenbach, se rallia à ces conclusions.

On voit, par ces quelques exemples, combien en Europe l’admission des Odd-Fellows comme visiteurs maçonniques est chose discutée. Cependant, partout les chefs de la franc-maçonnerie se réjouissent de leur voir prendre de l’extension ; mais les chefs savent quels précieux auxiliaires sont pour eux ces sectaires aux dehors bon-garçon.

Le F∴ Hubert, qui est un parfait initié, lui, publiait, dans sa Chaîne d’Union, numéro de juillet 1888, une correspondance d’Espagne, où on lisait ces lignes : « Le mouvement en faveur de la fusion de toutes les obédiences se continue. Ajoutons que les Odd-Fellows sont à la veille de prendre pied en Espagne. » Ce n’est pas la première fois que cette secte pénétrait dans la péninsule ibérique ; mais, à partir de 1888, elle réussit à s’y implanter.