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« Nous sommes maçons, reçus dans des loges régulières et parfaites, légalement constituées ; nous sommes maçons, nous aspirons au vrai et au bien ; ne nous barrez pas plus longtemps le chemin. C’est avec fierté que nous osons dire : Nous sommes meilleurs que notre renommée, que nous n’avons pas méritée. Une association dont le but consiste dans la philanthropie, le véritable amour fraternel et la connaissance des choses humaines et divines, ne peut rejeter l’homme qui aspire au mieux, et si nous tenons au culte de nos pères, comme le chrétien au sien, nous ne sommes pas pour cela les plus indignes ouvriers au grand travail… Ces mesures exclusives sapent et dégradent l’Ordre, marquent vos propres signatures, faits, actions, dogmes, promesses et fraternisation, d’un sceau de mensonge, que la beauté du revers de la médaille peut à peine faire oublier. » (Le Globe, Archives des Initiations anciennes et modernes, 1841.)


Dans plusieurs circonstances, les juifs ont pris occasion du refus qu’on leur opposait d’être admis comme visiteurs dans certaines loges, pour essayer de constituer des loges juives indépendantes. Ainsi, en 1870, des israélites maçons se plaignent de n’avoir pas été admis comme visiteurs dans plusieurs loges, à raison de leur race ou de leur religion extérieure, adressèrent au F∴ James Gibson, grand-maître du district de New-York, une demande régulière en constitution de loges, demande qui ne fut pas accueillie, précisément à cause des motifs invoqués pour en assurer le succès :

« La Maçonnerie est essentiellement humaine et cosmopolite, dit le F∴ Gibson ; créer des Loges sectaires ou en favoriser la tendance, serait à la fois méconnaître ce caractère de notre institution et travailler à sa ruine. Que les Loges qui ont commis cette faute la regrettent et se gardent bien, à l’avenir, d’une semblable erreur ! »

Mais ces loges juives, créées exceptionnellement dans les régions où les loges ordinaires regimbaient encore contre l’admission des israélites, ne sont pas ces ateliers formant une maçonnerie dans la maçonnerie, et dont je parlerai plus loin, pour terminer.

Que les juifs maçons se soient associés de tout cœur à toutes les opérations anticatholiques de la franc-maçonnerie ; qu’ils aient accepté toutes les doctrines impies et athées dont elle s’est faite la propagatrice, on n’en saurait douter. Leur zèle anticatholique trouvait sa récompense dans l’appui que leur prêtaient les maçons leurs frères dans toutes les circonstances où il fallait les protéger contre l’opinion et les défendre contre les attaques de l’antisémitisme. On sait avec quelle chaleur, par exemple, les francs-maçons, par l’organe surtout de leur journal le plus influent, le Monde maçonnique, se firent les avocats de la cause juive dans l’affaire du juif Mortara : « Quand un attentat de cette nature, s’écrie cette revue sectaire, déshonore les religions, c’est elle (la franc-maçonnerie), médiatrice