Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/520

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cette émancipation et n’ont fait que patauger, les uns dans les erreurs chrétiennes, les autres dans la boue athéistique ; d’autres sont retournés, comme les catholiques, à leurs vomissements orthodoxes. » Selon Weill, les juifs n’ont donc pas été à la hauteur de leur mission depuis leur émancipation ; il ne fait de restriction qu’en faveur de quelques femmes juives[1]. À l’entendre, leurs vertus négatives et positives ont toutes disparu en moins de cinquante ans; ils n’observent plus les lois de l’hygiène de la table et du lit ; la Bible hébraïque est lettre close pour eux ; ils se sont bâtis de somptueuses synagogues, mais pour ne pas les fréquenter ; ils vaquent à leurs affaires le jour du sabbat ; ils se sont rués avec rage sur tous les plaisirs mondains, pour rattraper le temps perdu ; en un mot, ils sont entrés, la tête haute, dans tous les vices des chrétiens : « Le juif émancipé a rayé tous ses devoirs et ne songe plus qu’à jouir goulûment de tous ses droits. Il a foulé aux pieds toutes ses anciennes vertus pour arriver premier dans la course à l’argent. »

Tout ce terrible réquisitoire, qu’on croirait plutôt sorti de la plume d’un Drumont que d’une plume juive, n’est échafaudé par Weill que pour amener les juifs à son fameux système, c’est-à-dire à un mélange incohérent de panthéisme spinoziste et de républicanisme égalitaire et universel, dont ils sont marqués de Dieu pour être les apôtres et les missionnaires. Son unique but est de leur imposer son Catéchisme universel selon les (prétendus) principes de Moïse, revus, comme on le sait, par Mahomet, Spinoza, Mendelssohn et Robespierre. Ce catéchisme serait plus proprement appelé Catéchisme d’après les principes de la Maçonnerie, Moïse lui-même n’étant d’après lui, qu’un affilié à la franc-maçonnerie égyptienne et au culte d’Osiris[2].

Or, ce catéchisme, que nous connaissons déjà en grande partie, à côté de l’unique dogme d’un Dieu-Un, sans Co-Dieu, une abstraction, la Loi, reléguée dans les profondeurs de sa Justice absolue et impitoyable, ne nous offre guère que des négations, les négations ordinaires de la libre-pensée moderne : négation du surnaturel ; négation du miracle ; négation de la sanction morale, autre que celle que le bien et le mal trouvent en eux-mêmes ; négation de la charité et du pardon ; négation absolue et haineuse de tout ce qui fait la base et l’essence du Christianisme. En un mot, nous ne voyons aucune différence entre le catéchisme que Weill propose aux juifs pour le répandre dans l’univers, et celui que les juifs, ses confrères en franc-maçonnerie, peuvent apprendre dans les loges où ils pontifient. Le révélateur du nouveau Mosaïsme prêche des convertis. En voici, pour finir, un exemple assez concluant :

  1. Parmi les hommes qui se sont distingués depuis l’émancipation, dans les lettres, les arts ou la politique, Weill cite les suivants : Heine, Bœrne, Meyerbeer, Halévy, Munsk, Crémieux, Lasker, Disraeli et Graetz.
  2. Le Centenaire de l’Émancipation des Juifs, page 157.