Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/86

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mens à ta foi, que ton cœur soit brûlé ainsi, et que ses cendres se mêlent à la poussière du chemin que suivent les hommes libres ! »

Cagliostro fut donc condamné à mort ; mais, le 7 avril 1791, le pape commua la peine en celle de la prison perpétuelle. Il la subit, au château de Saint-Léon (duché d’Urbino), où il mourut.

La condamnation du grand Cophte, reconnu magicien par le tribunal du Saint-Office, s’étendait aussi à la franc-maçonnerie et, particulièrement, au Rite Égyptien qu’il avait fondé.

« Le livre qui a pour titre Maçonnerie Égyptienne, est-il dit dans la sentence, est solennellement condamné comme contenant des rites, des propositions, une doctrine et un système qui ouvrent une large route à la sédition et comme destinés à détruire la religion chrétienne, le tout superstitieux, blasphématoire, impie et hérétique ; et ce livre sera brûlé publiquement par la main du bourreau, ainsi que les instruments appartenant à cette secte.

« Par une nouvelle loi apostolique, seront confirmés et renouvelés, non seulement les lois des Pontifes précédents, mais encore les édits du Conseil d’État qui défendent les sociétés et conventicules des francs-maçons ; et mention particulière sera faite de la secte Égyptienne et d’une autre vulgairement appelée les Illuminés ; et seront établies les peines les plus graves, principalement celles des hérétiques, contre quiconque s’affiliera à ces sociétés ou les protégera. »

Le procès de Cagliostro, qui s’est terminé par la condamnation de toutes ses doctrines astrologiques et magiques, montre, à plusieurs reprises, le commerce de l’accusé avec le démon. Mais le grand Cophte, essayant d’en imposer aux juges, avait une curieuse façon de se défendre. Il repoussait l’accusation d’avoir été l’instrument d’une autre puissance que de Dieu, et il allait même jusqu’à prétendre que c’était sur l’enfer même qu’il exerçait son pouvoir surnaturel.

Sa femme, qui fut impliquée dans l’affaire, déposa en substance, au cours des interrogatoires, que plusieurs des pupilles ou médiums que Cagliostro mettait en œuvre dans ses opérations magiques n’avaient pu opérer qu’en vertu d’un art diabolique. « L’ayant prié plusieurs fois, dit-elle, de lui communiquer le principe de ses opérations, il avait toujours refusé de la contenter, disant qu’elle n’avait pas assez de courage ni assez de force pour supporter ce mystère. » Elle ajoutait qu’il lui avait seulement appris à opérer en disant : « Par le pouvoir que je tiens du grand Cophte », et en frappant trois fois la terre du pied droit.

Pour poursuivre l’histoire des astrologues modernes jusqu’à nos jours, il me faudrait citer à peu près tous les noms de ceux qui, plus ou moins sérieusement, ont essayé de ressusciter, tout au moins en théorie, les sciences occultes de l’antiquité et du moyen-âge. Parmi ces arts infernaux qu’ils