Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/212

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moderne apôtre ? Où va-t-il ? Il ne va pas même comme les écrevisses qui se hâtent ?

« Il faut être confit en religiosâtrerie, un raffiné de mysticisme, pour entendre un traître mot à la phraséologie de ces néo-chrétiens, qui se bornent à ajuster leur robe longue ou courte à la mode du jour, au dernier cri du scepticisme hypocrite de nos contemporains !

« Voici des hommes, — mettons qu’ils soient d’excellents êtres, — actuellement occupés à marier le Sultan avec la Vierge Marie. Ils se cassent la tête pour essayer de galvaniser les morts les plus trépassés ! ils suent sang et eau pour rassembler les fidèles. »

L’Esprit qui inspire le catholicisme, c’est le Chaos :

« Etranges ces néo-chrétiens qui consentiraient à faire quelques innocentes coupures dans la lettre, mais dont l’esprit reste plus que jamais enfoncé dans le passé, Esprit que le plus simple prêtre de village ne pourra bientôt plus déchiffrer !

« Eh ! messieurs, soyez chrétiens, si c’est votre métier ! et vive la liberté de conscience ! Mais, du moment que vous vous proposez pour un autre salut que le vôtre propre, que vous annoncez un remède nouveau, une sorte de panacée sociale, ne nous exhibez pas la manne et le sené de nos arrière-grands-papas !… »

Mme Renée Marcil définit ainsi ces doctrinaires chèvre-et-chou du genre de M. Paul Desjardins, qui annoncent s’être donné la mission de réformer le catholicisme :

« Sans point d’appui sérieux pour soulever un mouvement salvateur ; réduits aux éternels sophismes de la chicane religieuse ; en désarroi complet parmi les vieux moteurs rouillés de la vieille machine ; ajoutant une cheville ici, essayant là une fausse clef, et cependant incapables de faire rendre à leur vénérable instrument autre chose qu’un grincement révélateur. »

Et elle s’écrie :

« Où est l’outil vraiment neuf dans la main de tous ces rétameurs de vieux dogmes ?

« Doctrinaires de ce temps, aussi douloureux que sublime, je ne voudrais pas être injuste envers votre intellect masculin, breveté (avec garantie du. gouvernement). Aussi, je vous le dis : je ne crois pas à votre réelle i impuissance.

« S’il n’y avait à risquer que la chance d’un ordinaire tournoi spirituel, peut-être le problème divin serait-il résolu à la satisfaction de tous, et peut-être la fameuse formule libératrice des erreurs et des doutes serait-elle en route en vos pieux cerveaux !

« Oui ! car je n’en veux pas à la gloire intellectuelle de l’homme, mais seulement à sa misère morale. Je veux croire que, si vous ne pouvez tirer de vos alambics aucune essence, de vos creusets aucun grain d’or pur, de tous vos ingrédients philosophiques si longtemps dosés, mélangés, concentrés, la moindre petite étincelle,… eh bien, c’est que vous ne le voulez pas !…

« Si vous ne trouvez pas la lumière, c’est que vous ne descendez pas assez